Un bébé après une fausse couche

Crédit photo : Catherine Galarneau

Crédit photo : Catherine Galarneau

C’était un vendredi. J’étais à 11 semaines et 4 jours. Il était environ 10 h 30 quand j’ai aperçu les premiers saignements. Je n’ai pas vraiment réagi. En fait, je n’avais pas envisagé de faire une fausse couche si près du 12 semaines, LA date où les risques diminuent grandement. J’ai su que c’était vraiment fini le dimanche, la veille de mes 12 semaines.

Le temps a filé, je m’en suis remise. Mon amoureux et les enfants aussi, bien qu’ils aient été moins affectés que moi. Mon amoureux et moi avons considéré cet événement comme une deuxième chance de décider si nous voulions un quatrième enfant ou non. Nous avons laissé la poussière retombée, mon corps se remettre de cette grande épreuve, somme toute très physique. Et nous avons fait notre choix; nous voulions ce quatrième enfant.

La vie a été bonne. Deux cycles après la perte de mon bébé, la vie germait à nouveau en moi. Sur le coup, je pensais que ça irait. Que je ne penserais pas à cette fausse couche. Que mon deuil était fait et que ce bébé-ci s’accrocherait. Et comme pour me donner raison, ou pour me montrer les signes, j’ai eu droit au pire début de grossesse que j’ai connu : fortes nausées, vomissements, infections vaginales à répétitions, peau extrêmement sensible qui réagit à peu près à tout et démange en tout temps, grande fatigue et sommeil difficile. Me faire dire « c’est bon que tu aies mal au cœur, ça veut dire qu’il s’accroche » m’a fait sourire, mais ne m’a pas soulagée!

Le matin de ma 11e semaine, j’ai pris peur. Et si l’histoire se répétait? Et si… Comme lors de ma précédente grossesse, on avait choisi de le vivre juste entre nous. Lors de ma fausse couche, l’une des choses que j’ai trouvé les plus difficiles était justement que bien peu de gens avaient été au courant de sa présence, comme s’il n’existait pas. Pour le faire exister, il fallait que je répande la triste nouvelle de ma fausse couche, plutôt que la bonne nouvelle que j’espérais. Sans quoi il tomberait dans l’oubli, ce petit être gros comme un haricot. Et si celui-ci ne dépassait pas le stade haricot non plus? J’ai ressenti une certaine urgence d’en parler.

Puis, vendredi est arrivé. J’étais à 11 semaines et 4 jours. Oui, encore. L’histoire qui se répète. Ou plutôt, qui se poursuit. Autour de 10 h 30, j’ai poussé un soupir de soulagement. J’avais encore mal au cœur et pas de saignement. Puis, le lundi, j’ai soufflé encore plus fort; 12 semaines! On y est arrivés! Je me suis soudainement sentie comme si je venais de faire le test. Comme si la bonne nouvelle, c’était ce matin-là que je l’apprenais. Comme si j’avais placé tout ça en veilleuse pendant les dernières semaines.

Ce matin-là, j’ai réalisé que j’allais avoir un quatrième bébé.

Ce matin-là, j’ai reçu une explosion de joie dans le cœur et dans le corps.  

Article rédigé par Catherine Galarneau




Précédent
Précédent

Bricolage du Jour de la Terre : j'aime ma planète!

Suivant
Suivant

C’est le temps des vacances !