Entrevue avec une maman globe-trotter
Fin décembre 2012, Isabelle Vachon, son conjoint Christian et Philippe, leur fils de 7 ans s’envolent pour un voyage de quatre mois et demi en Océanie. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie… Ils en ont rêvé longtemps, l’ont préparé durant deux ans, maintenant… c’est nous qu’ils font rêver. Entrevue avec une maman globe-trotter.
JSUM – N’est-ce pas un peu fou comme projet ? Qu’est-ce qui vous a décidé de le réalisé ?
C’est effectivement fou et tant mieux! On a même dû se faire traiter de fous en sourdine, après avoir eu des centaines de conversations avec les gens qui nous entourent et parmi ces gens, certains d’entre eux ne croyaient pas au projet! Quand nous avons décidé de prendre notre demi-année sabbatique, nous ne voulions pas la passer à la maison (c’est un choix personnel). Nous voulions vivre l’inconnu et vivre un de nos rêves : voir l’Australie, vivre l’Australie. Bien avant de nous connaître Christian et moi, nous voulions tous les deux nous y rendre un jour. Pourquoi ne pas bénéficier de 6 mois de congé pour y séjourner? Il faut comprendre qu’avec la distance et le temps d’avion nécessaire pour arriver en Australie, on ne part pas que pour quelques semaines. On se permet d’étirer la sauce et d’y séjourner pour une partie de l’année.
JSUM – Comment votre fils, Philippe, a-t-il réagît lorsque vous lui avez annoncé ? Quel âge avait-il ? Comment a-t-il été impliqué dans les préparatifs ?
Philippe est habitué de voyager avec nous depuis l’âge de 10 mois. Malgré le fait que c’est notre plus gros, plus long et plus différent voyage en famille, il est un bon voyageur! Nous avions hâte de voir sa réaction sur la durée car il est habitué de partir pour 2 semaines maximum… et là, on parle de 4.5 mois! Philippe est conscient de notre aventure depuis le début, alors il a embarqué dans tout cela sans se poser trop de questions. Nous en parlions depuis près de 3 ans (il avait donc 4 ans), ce qui fait qu’il s’est rapidement fait l’oreille au discours que nous tenions à la maison. Le projet fait partie de sa vie autant que de la nôtre et il en parlait à ses amis, ses grands-parents, ses cousins, etc.
JSUM – Est-ce que l’âge de Philippe avait une influence sur la mise en place de ce projet ?
Il est effectivement autonome à 7 ans, ce qui aide énormément! C’est un voyage différent des autres car il n’y a aucune poussette, banc d’auto, kit de natation, etc., l’âge aidant à éliminer au fur des années des items indispensables quand il était plus jeune. Il est maintenant capable de s’occuper de sa propre valise dans les aéroports, ce qui nous donne un énorme coup de pouce! Les valises à 4 roulettes sont efficaces en ce sens! Certains diront que de voyager avec un seul enfant est plus facile : c’est vrai. Par contre, il y a des hauts et des bas dans l’histoire… un enfant, deux parents, pas d’amis, moins de passe-temps d’enfants, peu de discours d’enfants, etc. Il faut s’ajuster à tous les jours et parfois, l’ajustement est difficile. L’ampleur de cette réalité ne se mesurait pas avant de partir, nous la vivons à temps plein maintenant.
JSUM – Vous vous occupez de sa scolarisation avec la collaboration de son enseignante avec qui vous communiquez régulièrement pour être à jour. Vous avez un passé d’enseignante. Cependant, votre élève est votre fils et le contexte est loin d’être une salle de classe. Comment vous adaptez-vous ? Comment Philippe intègre-t-il la matière ?
Je vis dans le monde scolaire depuis 19 ans, ayant été enseignante et maintenant directrice adjointe d’une école secondaire. Cette expérience n’est qu’un atout supplémentaire pour nous tous et il a été surtout facilitant lors des démarches avec notre commission scolaire.
Pour Philippe qui va déjà bien à l’école et qui apprend bien, c’était rassurant de partir si longtemps en sachant qu’il ne vivait pas de grandes difficultés et que nous ne mettions pas son année en péril. Il apprend bien même ici et le contexte de nos logements/maisons/condos fait que nous sommes bien installés pour lui faire l’école. Je ne vous ferai pas croire que ça va bien à tous les jours! Dernièrement, il a boycotté les matins d’école, ne voulant pas collaborer et testant les limites. Ce n’est pas évident pour les parents, mais on ne doit pas lâcher! Philippe réagit aux déplacements, changements d’heures et d’environnement. Les deux dernières semaines ont été plus difficiles à cause de ces éléments, mais nous sommes confiants que tout rentrera dans l’ordre. Le soutien, via internet, de son enseignante à l’École Clair-Soleil (St-Nicolas) est d’autant plus nécessaire lorsque tout va moins bien. Elle nous amène son point de vue neutre sur les différentes situations.
Faire l’école à un enfant au lieu de 24, c’est différent également. Faire l’école à son enfant, c’est une nouvelle réalité pour moi et pour son père… on oublie parfois qu’il est en apprentissage au quotidien, qu’il n’apprend pas comme nous et qu’il fait des erreurs parce qu’il n’est tout simplement pas rendu là où nous pensions. C’est tout le contraire de ce qui se vit habituellement à la maison où on le voit le soir, on ne sait pas vraiment comment il apprend dans ses journées et on voit quelques résultats apparaître à chaque semaine et on communique avec son enseignante peu souvent. Tout le monde s’adapte ici!!! Il faut lâcher prise sur certaines choses et s’occuper de ce qui est important présentement pour lui dans son développement.
À travers tout ça, il y a l’école de la vie qui fait partie intégrante du voyage. Quelle chance pour lui, à 7 ans, de vivre en Australie! Nous souhaitons qu’il développe une culture abondante tout au long de sa vie et nous croyons que ce qu’il vit ici le mènera vers cet objectif! Mis à part les matins d’école, il y a les activités quotidiennes où Philippe est continuellement en apprentissage.
JSUM – Dans un contexte anglophone, avec un accent fort différent de celui auquel un Nord-Américain est habitué, comment avez-vous préparé Philippe ?
Philippe a passé une année complète, à 4 ans, dans une pré-maternelle anglaise à St-Nicolas, où nous vivons. Nous avons choisi cette option au moment où il devait vivre sa dernière année en garderie. À son école primaire, l’accent est également mis sur l’anglais enrichi. Il a donc une très bonne base en anglais et autant que pour lui que nous, notre immersion ici est la plus importante de nos vies (si on parle en durée de temps). L’accent australien, on s’y fait et on se surprend à répéter certains mots de la même façon, ça donne un genre!
La suite de l'entrevue dans un futur billet de blogue...
Merci Isabelle de partager avec nous !