Je voulais voyager
Je voulais voyager. Je regardais les livres à la bibliothèque de l’école et je portais mon esprit partout. Je m’imaginais faire de la plongée en Australie, grimper au sommet des volcans du Costa Rica ou m’allonger sur la plage des Caraïbes. Je connaissais toutes les options disponibles pour les voyages étudiants et les échanges scolaires. Mais j’étais trop réservée, et d’imaginer que je partirais seule à l’autre bout du monde me terrorisait.
Je voulais me marier et avoir des enfants aussi. Je savais que je serais une femme au foyer. Quand j’y pensais, j’imaginais plusieurs enfants qui couraient autour de moi; j’en voulais plus d’un. Je voulais être mariée pour toujours et prendre soin de tout ce monde. Ce n’est pas que je n’avais pas d’ambition, au contraire, je ne manquais pas de rêves ! C’est seulement que je me sentais plus à ma place avec ceux que j’aime plutôt que dans une grande carrière.
Et j’ai grandi....
Je ne sais pas si on conserve tous nos rêves d’enfance. Mais je sais que, moi, je les ai conservés. Peut-être qu’on oublie ce qui se cachait au fond de notre cœur. Peut-être qu’on devient trop vieux, trop responsable. Peut-être qu’on veut juste se conformer. Ou peut-être qu’au fond, on veut juste être aimé et qu’on a peur. Je ne sais pas ce qui se passe pour tout le monde. Je sais juste que, moi, j’ai continué de rêver... Et que j’en ai réalisé, de ces rêves !
Mon « Je » est devenu un « Nous ». Parce que je ne suis plus la seule. Parce que nous sommes six. Je me suis mariée, j’ai commencé à voyager. Nous avons eu quatre enfants, nous avons continué de voyager. Aujourd’hui, nous sommes Six Nomades. Notre voyage n’est plus que deux semaines dans le Sud. Il est devenu quotidien. Nous avons vendu tous nos biens. Il n’est resté que l’essentiel, ce qui entrait dans un VR.
Je me souviens de la première fois que nous avons envisagé cette option. C’était complètement fou. Nous voyagions déjà sur de longues périodes, nos enfants n’étaient pas scolarisés, je ne travaillais plus depuis des années et mon mari prenait de longs congés. Mais voyager à l’année ? Tout vendre ? Oui, c’était complètement fou, mais ça nous a submergé, et nous ne pouvions plus faire comme si l’idée ne nous minait pas. Au fil des semaines, c’était devenu vital. Il fallait le faire... Et on l’a fait !
On a mis en vente la maison. On a liquidé tout le reste. On a réglé la paperasse administrative. On a acheté notre nouvelle « maison » et celui qui allait la tirer. On a donné la démission du travail de mon mari. On a dit au revoir à nos proches. On a pris la route. Voilà, c’était tout ! Ce n’était pas compliqué, il fallait juste le faire. Malgré tous les doutes et les commentaires, il fallait continuer et se préparer. Le plus dur a été de prendre LA décision. Le reste s’est emboîté comme un casse-tête qui trouve sa place !
Crédit photo : Six nomades
C’était en avril 2013. À ce moment où vivre a pris tout son sens. Et pourquoi ? Parce que j’allaite longtemps, parce que je me lève encore la nuit, parce que je console, parce que je suis un dictionnaire pour les millions de questions, parce que je suis tout le temps là et surtout... Parce que tout ça n’était pas assez. Je ne veux pas voir mes enfants grandir, je veux les regarder. Avec les yeux du cœur pour savourer chaque instant que la vie me donne pour être avec eux parce qu’ils grandissent trop vite et que le temps où ils me sont prêtés est trop court.
Parce que la vie aussi est courte et qu’on est mort longtemps ! Je voulais que ma réalité soit à la hauteur de mes rêves. L’urgence de prendre une respiration de tout ce qu’il y a de plus beau m’est devenue nécessaire. Je refuse de me contenter : Je veux tout ou rien. Aucune demi-mesure. Juste la beauté de la vie.
C’est ainsi que maintenant, nous vivons dans un VR sur les routes de l’Amérique... Pour l’instant ! Nous nous installons quelques jours ou quelques semaines. Parfois avec l’envie de visiter, mais souvent avec l’envie de relaxer. C’est difficile à expliquer, mais voyager n’est pas une destination ou un but à atteindre. C’est de tous les jours et nous aimons les prendre lentement. Il n’y a pas de finalité ou de date de retour. Il n’y a pas non plus d’obligation.
Il n’y a que Six Nomades !