La plus grande épreuve de ma vie : une maman se confie
En août 2011, lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, ma première avait un an. Ça a été un choc, mais on a accepté ce beau cadeau que la vie nous faisait. On a donc téléphoné au médecin pour commencer les suivis. Tout était beau. À ma première échographie, j’apprends que j’attends une autre petite fille, mais on m’annonce aussi que j’ai un placenta prævia. Mon premier choc. Je sais que ce n’est pas la fin du monde, mais je ne me faisais pas à l’idée d’avoir une césarienne.
Donc, à la deuxième échographie, pour le suivi concernant le placenta, on m’annonce que ça se replace. Par contre, la technicienne m’inquiète : l’échographie est longue et elle fait venir le médecin. Ils regardent tous les deux l’écran pendant de longues minutes qui m’ont semblé une éternité pour finalement m’annoncer qu’il y a un ombrage sur le cœur de ma puce qu’il n’arrive pas à bien voir. L’inquiétude commence à ce moment, on me dit de prendre rendez-vous au CHEO pour une autre échographie, sous prétexte qu’ils sont mieux équipés. On me dit aussi de ne pas m’inquiéter.
Nous voilà donc au CHEO pour une 3e échographie et la même chose se produit : c’est très long et ils sont trois à regarder l’écran pour finalement me redire la même chose, qu’ils n’arrivent pas à bien voir son cœur. Encore une fois, je ne dois pas m’en faire. Mais je dois prendre rendez-vous à l’hôpital général d’Ottawa.
Je peux vous dire que, à la maison, ça devenait insupportable. Ça faisait maintenant presque 3 mois qu’on me trimballait à droite et à gauche. J’étais très stressée et encore plus lors de la journée de cette 4e échographie. La pire journée de ma vie ! C’est du pareil au même à la différence que personne nous dit rien et, à la fin, on nous demande de rester dans la salle d’attente pour voir un autre médecin.
On rencontre alors Dr Gardin dans un petit bureau, elle nous fait asseoir et commence à nous expliquer que la tache que les techniciens voient est en fait un trou dans le petit cœur de ma princesse. À partir de ce moment, toute l’information se bouscule dans ma tête : tétralogie de Fallot, opération, enfant bleu à la naissance, grossesse à risque, suivi, etc. J’essaie, au plus profond de moi-même, de rester présente rationnellement pour tout comprendre et ne rien manquer de ce qui va, ou pourrait, nous attendre. À la fin de la rencontre, j’en peux plus et je remarque que, au fond, j’ai pleuré tout le long.
On retourne à la maison avec la tête pleine de peur, d’angoisse et de déni. Donc, à 31 semaines, on apprend que notre princesse est malade. Mon conjoint m’amène dans notre chambre, on se couche en petite cuillère et on laisse sortir toutes nos émotions. Maintenant, on doit annoncer la situation à toute la famille.
J’ai eu ensuite une échographie par semaine. Ça me permettait au moins de voir très souvent ma belle Élodie. À 39 semaines, on a commencé à me parler d’accouchement et de provocation. À ce moment, toutes les angoisses ont refait surface. Mais mon destin était tout autre. À partir de la 39e semaine, j’étais à l’hôpital tous les jours et il y avait toujours quelque chose qui faisait en sorte qu’on remettait au lendemain, pas de place en salle d’accouchement, la petite était en position de siège, etc. Ils ont donc décidé de laisser le travail se faire naturellement.
Le 27 avril, je suis à la maison. Ma grande est couchée, et je me prépare à manger du chinois. Je me lève pour aller me chercher une fourchette et plouchh ! je perds les eaux ! Oh mon dieu, le bonheur ! J’appelle mon chum pour qu’il revienne à la maison, j’appelle ma sœur pour qu’elle vienne chercher ma grande fille. Je cours d’un bord à l’autre pour faire ma valise avec mon essuie-main entre les jambes et j’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles. On arrive à l’hôpital vers 23 h.
Ça a été un très bel accouchement. Jusqu’à ce qu’elle sorte, je n’ai jamais pensé à sa condition. J’avais en tête que le moment était enfin venu de la rencontrer. Mais aussitôt qu’elle est sortie, la peur m’a envahie. À cause de sa malformation, on nous avait prévenus qu’on ne la verrait pas à sa naissance. Nous n’avons donc pas pu faire de peau à peau. Par je ne sais quel miracle, elle est venue au monde en parfaite santé. Autrement dit, s’ils n’avaient pas découvert son état pendant la grossesse, à l’accouchement, ils n’auraient pas su qu’elle avait une malformation cardiaque. Elle a donc pu passer trois heures avec nous avant d’être transférée au CHEO. Sa cardiologue est venue me voir et m’explique qu’elle est en bonne santé et qu’ils peuvent repousser l’opération jusqu’à ses six mois. Après une semaine, on retourne à la maison très heureux.
Mais ça n’a pas pris beaucoup de temps pour qu’on retombe de notre nuage : elle a eu sa première hospitalisation à trois semaines. On a passé cinq jours au CHEO, on est retourné à la maison pour, une semaine et demie plus tard, retourner à l’hôpital. Pneumonie. On y reste huit jours.
Ensuite, à peine une semaine plus tard, on retourne à l’urgence. Cette fois, c’est un peu plus grave : elle ne boit plus, ne fait plus pipi et vomit aussitôt qu’on lui donne quelque chose à boire. Ils nous expliquent que son corps, étant donné qu’il ne fonctionne pas au maximum de sa capacité, travaille trop fort. Ça prendra donc de la médication pour aider ce petit corps.
La semaine d’après, on m’annonce que l’opération sera devancée vu que sa santé se dégrade de semaine en semaine. Donc, à trois mois et trois semaines, princesse Élodie a subi une opération à cœur ouvert. La journée la plus.... Je n’ai même pas de mot pour décrire ce sentiment.
Heureusement, on a eu le meilleur soutien moral de deux personnes très spéciales, de formidables amis. Sa convalescence s’est très bien passée. Élodie a aujourd’hui 18 mois et se porte à merveille. Tellement qu’on oublie souvent les épreuves à travers lesquelles on a dû passer pour la voir pétante de santé. Mais sa cicatrice me le rappelle fortement quelquefois...
Je sais que je n’en parle pas beaucoup dans mon histoire, mais ma fille aînée, Coralie, est une grande sœur formidable ! Elle adore Élodie plus que tout. Quelquefois elle a la fibre maternelle plus que moi. On a tout fait ce qui était humainement possible pour que jamais elle se sente mise de côté ou moins importante.
Je remercie le ciel de m’avoir donné toute cette force durant cette année qui a été la plus grande épreuve de ma vie. Le dicton qui dit qu’on ne met sur notre chemin que les épreuves que l’on peut affronter, et bien, aujourd’hui, j’y crois ! Je ne dis pas que je n’ai jamais douté, mais, aujourd’hui, je suis fière de mon courage et de m’être relevé chaque fois que je croyais avoir atteint le bout du rouleau. Je remercie aussi tout le monde qui nous a soutenus : la famille, les amis et spécialement mononcle Ducktape et matante Cupcake ! xoxo Je vous adore !!!
Par Caroline
Annie nous dresse une liste de 13 campings à essayer en famille cet été.