La richesse de la fratrie
Avoir un premier enfant, c’est merveilleux, c’est extraordinaire, c’est grandiose… en fait, c’est indescriptible. On ne peut pas mettre en mot la puissance et l’intensité des émotions qui nous habitent quand on crée une vie. Il n’y a rien de plus important que ce petit être qui nous est confié.
Quand on a un premier enfant, on a du temps, de l’énergie, de la patience. On veut lui donner le meilleur de nous, le meilleur de la vie. On le veut épanoui, stimulé et éveillé. On passe la nuit à le bercer, on passe la journée à le regarder.
Puis un jour, on décide d’en faire un autre. Une autre vie crée à partir de l’amour, tout simplement.
C’est, à mon avis, le plus beau cadeau que l’on puisse faire à notre aîné. Lui donner un petit frère ou une petite sœur, c’est lui donner un ami, un compagnon de jeu, un complice de tous les jours. C’est lui donner de l’amour et lui montrer comment aimer lui aussi. C’est lui apprendre à partager ses jouets, sa maison, ses parents. C’est lui apprendre la tolérance et l’indulgence, envers ce petit être qui n’a pas les mêmes capacités que lui (du moins pour le moment…) C’est lui faire ressentir la fierté d’être le « grand », le modèle. C’est apprendre que maman et papa sont toujours là, aimants, même si c’est le bébé qui est bercé.
C’est vrai, on a moins de temps, d’énergie et de patience. Mais c’est aussi ça la vie. Une maman parfois impatiente parce que la nuit a été courte. Une maman qui doit s’occuper de l’autre qui a des besoins aussi. Une maman qui ne joue pas toute la journée, qui a besoin d’un peu plus de repos. Une maman qui aime un autre trésor. Une maman qui n’oublie pas son aîné malgré les suivants. Après tout, plus tard, ils n’auront pas toujours quelqu’un de disponible exclusivement pour eux.
Certaines mamans veulent donner la même chose au deuxième. Le même temps, la même énergie, la même patience. Et se sentent coupables de ne pas y arriver.
Certaines mamans veulent que rien ne change pour le premier. Qu’il reste le petit « prince » qu’il était depuis sa naissance. Et se sentent coupables de ne pas y arriver.
Comment s’en sortir alors ? En acceptant simplement que chaque rôle dans la fratrie ait son lot de plus et de moins. En considérant cela comme une richesse et non comme une source de manque et de frustration pour nos enfants.
Quand mon deuxième enfant est né, je me suis souvent répété que j’avais investi à long terme. Oui, j’avais moins de temps pour mon aîné puisque si mon amour s’est multiplié, mon temps, lui, s’est divisé. Mais je savais que, en vieillissant, ces deux-là s’aimeraient autant, peut-être plus, que je les aime moi-même. Je savais que le temps de jeux auquel je pouvais moins participer, ils se le donneraient entre eux. C’est, selon moi, une compensation extraordinaire ! Je m’efforce de leur faire comprendre, de leur faire ressentir qu’ils sont importants pour moi, mais aussi qu’ils le sont pour les autres. Et qu’ils le sont pour notre famille, qu’ils ont chacun une place essentielle et que ce n’est pas la même. Notre troisième enfant a été accueilli comme un trésor par les deux plus vieux.
Quand je vois les regards que s’échangent mes enfants, les jeux qu’ils s’inventent, quand j’entends leurs rires qui s’entremêlent et les grandes histoires qu’ils se racontent, je sais qu’ils sont heureux de s’avoir. Même si la vie a changé à chaque nouvelle arrivée. Même si je partage mon temps en trois maintenant. Même si ma patience et mon énergie sont parfois à la baisse parce que les heures de sommeil sont (trop) souvent en option.
Article rédigé par Catherine Galarneau