Lettre à toi, la grand-mère que j’aurais voulu pour mon fils

Je m’étais toujours imaginée, avant d’avoir un enfant, que l’amour d’une grand-mère envers ses petits-enfants était assurément quadruplé à l’amour qu’elle avait pour ses propres enfants. Parce que son amour pour sa descendance ne résidait que dans le bonheur de cajoler, de jouer et de gâter.

Voilà qu’aujourd’hui mon fils a 20 mois et j’ai l’impression qu’il passe à côté de cet amour inconditionnel de celui d’une grand-maman. Ta si petite présence dans sa toute nouvelle vie me blesse et j’ai sans cesse en tête cette incompréhension face à tes priorités de grand-maman à la retraite. Tu dis l’aimer, l’appeler de tous les plus beaux mots d’amour, mais tu n’es pas présente pour lui, pour moi. Tandis qu’un appel Facetime avec lui te satisfait, moi je rêve de te voir jouer à quatre pattes avec lui. Je ne comprends pas ; tu as la santé, nous sommes dans le même quartier, tu as du temps grâce à ton statut de retraitée, je suis maman à la maison. Il me semble que c’est une équation parfaite pour être avec ta fille et ton petit-fils, non ?

Si tu savais combien je préférerais que tu nous donnes du temps au lieu de jolis nouveaux vêtements. Si tu savais combien j’aimerais que tu m’invites ou que tu t’invites à l’improviste.

Quand j’entends des amies me dire que leurs mères font la file pour garder, des grands-mamans qui veulent des moments sacrés juste entre elles et leurs petits-enfants, je soupire ! Quelle chance ont-elles. C’est si dommage car j’ai moi-même justement de si beaux souvenirs d’enfance passés avec ma grand-mère, ta mère.

Lorsque j’ai pris mon courage à deux mains et que je t’ai fait part de ma déception, jamais je n’aurais imaginé que tu me rétorquerais que tu les avais eu tes enfants, que tu les avais élevés et que tu ne t’engagerais à rien d’officiel dans ton quotidien. Tu les aimes trop tes activités de retraitée pour nous faire une petite place régulière dans ton agenda.

C’est à ce moment-là que j’ai réalisé : tu n’es pas et ne seras jamais la grand-mère que j’avais imaginée pour mon fils. Tu sais, celle qui kidnappe son petit-fils une fin de semaine pour laisser les parents se retrouver en couple, celle qui débarque à l’improviste un mardi matin prendre un café avec sa fille tout en jouant dans le salon, celle qui a envie d’aller au parc balancer son petit trésor.

Avec le temps, je comprends, je tente d’accepter et d’apprécier ce que tu es prête à offrir. Tu aimes à ta façon, avec tes limites à toi. Tu serres fort ton petit-fils lors des soirées familiales, tu le surprends avec de nouveaux jouets, de nouveaux tricots que tu as faits, tu m’envoies un message texte presque tous les matins en nous souhaitant une bonne journée et tu attends en retour une photo de lui par jour. Je sais aussi qu’en cas d’urgence tu abandonnerais sur-le-champ tes activités pour nous retrouver et nous aider.

Tu sais maman, tu m’auras fait cheminer dans cette histoire ; c’est en ayant des attentes non comblées que j’ai de la peine, de la déception et qui se transforment en sentiments négatifs.

Aujourd’hui, en n'ayant aucune attente, je me sens plus libre et heureuse. J’accepte les choses comme elles sont, j’apprécie les surprises inattendues mais je ne peux m’empêcher de m’imaginer un jour, à mon tour, être la grand-mère que j’aurais voulu que tu sois pour mon fils.

Article rédigé par une auteure anonyme




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