Ma presque césarienne
Tout a commencé le 19 septembre vers 5 h du matin. Des contractions, des douleurs. J’étais, à ce moment-là, à 37 semaines. Je me suis donc couchée du côté gauche et j’ai bu beaucoup d’eau pour finalement prendre un bain. Je n’étais pas prête à accoucher...
On a commencé à chronométrer les contractions. On les prend en note et on les envoie à mon accompagnante à la naissance. C’est encore irrégulier. Mon conjoint prépare les valises et va porter Coco chez la gardienne. Oh ! Ça devient de plus en plus régulier. On prend la route pour se diriger vers la ville ou je désire accoucher (60 km). Le plan étant d’aller rejoindre mon accompagnante chez elle pour y poursuivre le travail avant de nous rendre à l’hôpital.
Cependant, la théorie et la réalité ne s’entendaient pas ce jour-là : mon accompagnante était à une formation. Par contre, elle propose de venir nous voir. Elle vient nous rejoindre dans notre VUS dont les bancs étaient enlevés. Elle pratique des pressions durant mes contractions, ce qui me soulage beaucoup. De plus, elle m’aide à me concentrer et à respirer. Le travail progresse énormément ! Je sens qu’il est temps d’aller à l’hôpital !
Je rêvais d’une naissance dans l’eau. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi un hôpital à 60 minutes de chez moi.
Arrivée à la maternité, avec mon conjoint et mon accompagnante : j’annonce en riant que « c’est l’heure ». On m’examine. 8+. À ce moment, il est 14 h 20. Cependant, un problème survient. L’infirmière ne sent pas la tête. On change de salle pour une échographie. En chemin, je perds mes eaux. On m’examine encore. Bébé se présente par les pieds. L’accouchement naturel par siège est alors impossible : un bébé peut naître par siège si la présentation se fait par les fesses. Puisque je suis dans un hôpital qui encourage beaucoup ce type d’accouchement et qui a un taux très bas de césariennes, on m’explique rapidement qu’un bébé qui naît par les pieds, bloque l’abdomen et meurt.
J’étais abasourdie ! Je ne croyais jamais devoir subir une césarienne. Je voulais accoucher coûte que coûte naturellement, mais, rendu-là, c’était peine perdue.
La poussée commence et c’est la panique générale. Le personnel se multiplie et court dans tous les sens. Moi, je suis désemparée. Je souhaitais une naissance naturelle dans l’eau, dans le calme, dans « les hormones ».
On me transfère d’urgence au bloc opératoire, mon conjoint doit passer par la stérilisation et revêtir l’uniforme de chirurgien avant de me rejoindre
Je suis alors seule, couchée sur le côté, totalement anéantie et je considère ce qui s’en vient comme un mauvais moment à passer. Je ferme les yeux. J’hésite à demander qu’on m’endorme, je veux être là pour mon bébé à sa sortie, mais j’ai tellement peur. Je résiste à l’envie de m’enfuir. Puis je sens quelque chose entre mes jambes. Je touche. C’est des pieds ! Bon, j’imagine que la douzaine de poules pas de tête qui court autour de moi doit le savoir... Alors je ne dis rien puis, finalement, j’ai peur pour mon bébé. Je dis donc : « Les pieds sont sortis, le savez-vous ? Les pieds sont sortis ! Le savez-vous ? Est-ce qu’on m’écoute ? Les pieds sont sortis ! »
Une infirmière m’ouvre les jambes, et, en une fraction de seconde, tout bascule, tout le monde fige autour de moi. On me plaque d’un coup sur le dos, les épaules relevées, les jambes dans les airs, la « belle » position de poussée, et la gynécologue se met à crier : « Pousse ! »
Tout le monde l’un par-dessus l’autre. Pousse, retient ton souffle, baisse ton menton, arrête de crier et POUSSE !!!
J’avais toujours les yeux fermés et je poussais.
Et j’entends : « Ton bébé va mourir, ouvre les yeux et POUSSE !!! »
J’ai ouvert les yeux pour voir la gynécologue en panique totale, et j’ai poussé... Bébé est né à 14 h 41, entre deux civières au bloc opération, entouré d’une douzaine de personnes.
Dès qu’elle est sortie, j’ai refermé les yeux et je suis tombée sur le dos. Elle est bleue et ne respire pas. Mais j’ai confiance ! Mon bébé va s’en sortir ! J’ouvre les yeux à nouveau. Où est mon conjoint ? Il n’a pas pu entrer. Il est resté dans le couloir. On lui a interdit l’accès. Je vois ma puce au loin. 1 au test Apgar. Puis 4. Puis 9. Je demande à la prendre. On me le refuse, car ils surveillent les signes vitaux. Je fais remarquer que le peau à peau avec la mère permet de régulariser les signes vitaux, alors on me la donne. Ma belle poupette ! Mon chum entre finalement, totalement abasourdi de tout ce qu’il vient de se passer !
Vraiment, pour un accouchement, la théorie s’entend rarement avec la réalité…
Témoignage par Joannie