Maudit cancer
Mariée depuis 30 ans à un homme absolument merveilleux, j’ai trois grands enfants : des jumeaux (garçon et fille) de 20 ans et un fils de 27 ans. Je filais le parfait bonheur lorsque, pour mes 45 ans, j’ai reçu un cadeau inattendu… un diagnostic de cancer colorectal !
Cette annonce a eu l’effet d’une bombe sur ma famille. Si mon plus vieux, qui est aussi le plus près de moi, a vraiment été atterré par la nouvelle, ma fille fut aussi très troublée. Son jumeau a eu une phase de révolte et mon mari a aussi eu beaucoup de difficulté à l’accepter. Chacun a ses réactions et c’est bien normal. Aujourd’hui, heureusement, quatre ans plus tard, nous avons retrouvé notre équilibre.
Pour ma part, évidemment, ma vie fut complètement bouleversée. Si je ne ressentais pas beaucoup de douleur, j’ai perdu 35 livres en trois mois après cette nouvelle-choc et j’avais de plus en plus de difficulté à m’asseoir. Puisque j’avais des doutes, c’est mon mari qui m’a traînée presque de force à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal.
J’ai subi une opération de cinq heures et demie. De retour à ma chambre, quelques morceaux de mon corps étaient, eux, restés dans la salle de chirurgie : le rectum, l’anus, les ovaires, l’utérus, une partie du vagin et plusieurs autres parties dont j’ignore le nom. Des morceaux en moins, mais un autre en plus : j’ai maintenant une stomie permanente.
Je vous avouerai que j’ai assez bien réagi. Puisque mon cancer était au stade quatre, soit vraiment très avancé, je n’avais plus le choix. C’était l’opération ou un dernier au revoir aux gens que j’aime.
Ce cancer ne se guérit pas, il se traite. En quatre ans, j’ai eu vingt-cinq traitements de radiothérapie, d’autres sortes de traitement aux deux semaines et un contrôle du taux de magnésium (qui dure cinq heures) chaque semaine. De plus, je passe des scans chaque trois mois.
Je suis tellement habituée, maintenant, que je prends mes visites à l’hôpital comme une sortie. Tranquillement, des liens se sont forgés entre mon équipe médicale et moi. Je considère les infirmières qui prennent soin de moi un peu comme des amies. On s’amuse beaucoup ensemble. Je leur fais entièrement confiance et elles me traitent comme une reine : au moindre changement, des vérifications sont faites immédiatement.
Dans toute cette épreuve, je n’ai jamais baissé les bras et je sais maintenant que je ne le ferai jamais. Je me suis découvert un moral d’acier qui me permet même de soutenir mon entourage. Depuis un certain temps, ma condition s’est stabilisée. Hier, j’ai subi un scan. Nous attendons les résultats. Si tout est beau, j’aurai des vacances de traitements jusqu’en septembre !
Malgré la maladie, je profite amplement de la vie : je m’amuse et je ris. Les gens qui ne sont pas au courant ne peuvent même pas deviner tout ce que je vis.
Témoignage offert par Chantal Carrière