Quand la vie décide pour nous...

Je l’ai déjà dit, mais j’ai toujours cru, il y a quelques années, que la vie était bonne pour nous si nous étions une bonne personne. Je me plaçais dans cette catégorie, je travaille fort, je suis les règles, je ne fais pas d’abus, je « marche droit dans la vie » comme on dit.

Je sais maintenant que ça n’a rien à voir dans ce qui peut nous arriver, que certaines choses arrivent tout simplement parce que c’est la vie décide et qu’on a aucun contrôle là-dessus.

En 2013, alors que fiston avait 5 ans, nous avions décidé que nous étions prêts à lui offrir un petit frère ou une petite sœur, nous étions stables dans nos emplois,  tout allait bien avec fiston, nous nous sentions « en contrôle ». Dès juillet, j’étais enceinte, enthousiaste et convaincue que je mènerais cette grossesse à terme, pourquoi en serait-il autrement? En avril, nous aurions la chance d’être de nouveau parents! Autour de nous, nous n’avons pas tardé à annoncer la nouvelle, au grand bonheur de nos proches et amis. Mi-octobre, à exactement 12 semaines, des saignements, une inquiétude, un doute, une visite chez le médecin qui se termine en échographie et en un déluge de larmes, un curetage sera nécessaire, c’est fini. À ce moment, j’étais littéralement démolie, je ne comprenais pas que ça m’arrivait À MOI, ça n’arrive qu’aux autres, ça ne peut pas m’arriver, je suis une bonne personne, je prends mes vitamines, je ne bois pas d’alcool, je suis TOUT à la lettre. Le choc est atroce et j’encaisse difficilement. Je ne comprends pas ce que j’ai pu faire pour ne pas arriver à garder mon bébé, à le mener à terme. Je remonte la pente tranquillement, mais avril arrive et c’est un nouveau mur que je frappe, car nous aurions dû rencontrer notre mini et ça n’arrivera pas.

Quelques mois plus tard, de nouveau en juillet, je suis de nouveau enceinte! Cette fois échaudés, nous n’annonçons pas la nouvelle de façon générale avant le 12 semaines fatidique. Nous avons appris. Les 12 semaines se déroulent bien, simple accroc à l’échographie de 8 semaines (il faut bien tenter de rassurer une maman inquiète), nous apprenons que nous attendions des jumeaux, qu’un des deux n’est pas viable, mais que le second va bien, son petit cœur bat, tout est sous contrôle. Nous atteignons le 12 semaines, et nous annonçons la nouvelle! Du positif, du bonheur, ça ne peut qu’aller mieux maintenant.

Au suivi de 17 semaines, ma docteure n’arrive pas à entendre le cœur, il doit être mal placé, tout simplement. Elle m’annonce du coup que le test de clarté nucale n’augure rien de bon, le taux de risque de trisomie 18 est élevé. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Je veux entendre son cœur, je veux le voir. Elle me transfère directement à l’hôpital régional pour une échographie, mon conjoint quitte le boulot et m’y rejoins. L’échographie ne laisse aucun doute, c’est un bébé atrophié et sans battement de cœur que l’écran nous affiche. Je n’ai jamais pu ôter cette image de ma tête. Le verdict est clair et nous démolit d’un coup, le cœur a probablement cessé de battre à la 15e semaine, notre bébé n’aurait pas été en santé. Encore une fois, pratiquement un an jour pour jour, il faudra un curetage pour retirer ce petit être de mon corps. À 17 semaines, je m’étais permise de me croire « en sécurité », à l’abri de tout pépin, j'étais presque à mi-chemin de ma grossesse, ça ne pouvait plus mal aller, non? Encore une fois, la vie me désillusionnait à grands coups de fouet. L’automne et l’hiver ont été difficiles, j’étais émotive, je détestais voir des femmes enceintes ou des bébés, j’en voulais à la vie, j’en voulais à la terre entière. Encore une fois, avril m’a fendu le cœur, j’aurais pu avoir un ou deux bébés mais je n’en aurais aucun.

Cette fois, nous avons décidé d’abandonner le projet d’agrandir la famille, avant de nous démolir complètement. Ce fut un choix de couple et de famille, ce fut notre décision, pour notre santé mentale et physique.

Aujourd’hui, je vais bien, nous avons appris à vivre en trio, nous sommes forts, une super équipe et nous avons mille projets. Quand les gens me demandent combien j’ai d’enfant, je réponds fièrement que j’en ai un, et à l’immanquable et crève-cœur  question suivante « vous n’en vouliez pas d’autres? », je réponds maintenant que « parfois, la vie décide pour nous » et que nous sommes heureux comme ça. Mais j’aurai toujours un pincement au cœur en répondant à cette ultime question. Parce que oui, la vie décide parfois pour nous, mais nous devons vivre avec sa décision et ça, pour moi, ce sera toujours difficile à accepter. La vie a choisi pour moi, et du même coup, m’a laissé un énorme trou au cœur. Voilà.

Article rédigé  par Marie-Claude Larivière




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