Le vrai lâcher-prise
Ça fait plusieurs mois que je me préparais mentalement. Je me trouvais ben zen. Je pourrais même vous dire que j’étais fière de moi. Jusqu'à l'arrivée du jour J.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que j’ai toujours été une maman hyper présente dans la vie de mes enfants. J’ai rarement manqué une sortie scolaire puis j’ai fait d’innombrables d’heures de bénévolat à l’école primaire. Le tout par choix, car je voulais m’impliquer. En toute franchise, j’aimais le fait que, pendant quelques heures, je pouvais voir mes enfants dans leur milieu scolaire. Emma et Philippe ont également toujours passé leurs étés avec moi. Je désirais concilier travail et vie de famille du mieux que je le pouvais.
Or, quand mon aînée Emma m’a annoncée l’automne dernier qu’elle avait été choisie pour se rendre aux États-Unis au mois d’avril (ce mois d’avril) afin d’assister à un camp de leadership, malgré son aura qui rayonnait de bonheur et de joie, j’avais l’impression qu’on venait de me lancer une tonne de briques. J’ai paniqué. C’était une situation toute nouvelle pour moi et je me sentais déstabilisée. C’est une chose de la laisser partir dormir chez une amie ou de la famille, mais quitter la maison pendant six jours, aux États-Unis ? Ouf.
Après discussion avec Emma, Pierre et son enseignante, c'était clair qu’elle devait y aller.
C’est à ce moment que je savais qu’une leçon de vie importante m’attendait dans les prochains mois – celui du lâcher-prise. Du vrai lâcher-prise.
Ceci peut sembler bizarre mais j’ai toujours su que je voulais des enfants. Mais des petits là, des bébés et des jeunes. Dans ma tête d’enfant, d’ado, de jeune vingtenaire… j’avais comme omis le fait qu’un jour, ces bébés, ces touts-petits… bien ils deviennent des ados, de jeunes adultes et de vrais adultes.
Je ne regrette en rien mon choix de devenir mère mais je réalise avec les années que notre rôle de parent est beaucoup plus grand que d’être un éducateur / protecteur auprès de nos enfants. Nous devons, nous aussi, cheminer dans ce processus afin d’être des exemples pour eux. Ironiquement, ils nous permettent de grandir, apprendre sur soi et devenir de meilleures personnes.
Aujourd’hui, je trouve ce cheminement difficile.
Quand j’ai réveillé Emma à 4h ce matin (nous devions être à l’école pour 4h30), j’ai fait le choix d’être excitée, heureuse et de bonne humeur. Je voulais l’appuyer dans cette belle aventure qui débutait. Je désirais de tout mon cœur qu’elle sache à quel point j’étais fière d’elle et peu importe ce que la vie va nous amener sur son chemin, que j’allais être là pour la supporter, l’aimer et l’encourager. Même à 4h du matin. ;-)
À la maison, le surnom que je me donne (et qui fait beaucoup rire mes enfants) est Mama Bear (maman ourson). J’ai l’impression qu’il me manque un ourson. Quand j’ai quitté l’école, j’ai instantanément senti un vide. Il me manquait quelque chose. J’ai roulé dans le silence et plus que je m’éloignais d’elle, plus je ressentais ce vide.
Je sais que je suis en train de vivre une étape de la parentalité. Celle où on doit apprendre vers l’adolescence à couper encore plus le cordon, laisser notre oisillon non seulement voler de ses propres ailes mais aller encore plus haut et loin.
Je la trouve tough.
Imaginez, ça ne fait que quelques heures qu’elle est partie et je m’ennuie déjà. Je pleure en vous écrivant ces lignes.
Je l’aime tellement.
Malgré le défi des prochains jours qui m’attend, je me console avec une chose : je l’ai laissée partir. C’était la bonne décision pour elle. Ça aurait été si facile de trouver un paquet de raisons et dire non. En tant que parent, j’ai bien agi (yé!).
Je n’ai pas écouté mon ego ni mes peurs.
Et ça, bien c’est le premier pas vers le vrai lâcher-prise.
Soupir de soulagement : il y a de l’espoir !