Lettre à la Emilie de 15 ans par la Emilie de 31 ans

Lorsque Jaime nous a parlé de son idée d’article d’écrire une lettre à l’enfant que nous étions, je trouvais l’idée géniale! J’avais plein d’idées de ce que je pourrais me dire pour me faciliter la vie durant les 15 ans qui allaient suivre cette lecture. Et puis, je me suis mise à y réfléchir sérieusement...

 

Je pourrais me dire qu’à 23 ans, quand viendrait le temps d’avoir des enfants, j’aurais la peur, inconséquente et inavouée, de ne pas être fertile ou de vivre plusieurs fausses couches, ou encore d’avoir un enfant très malade. Que cette peur serait inutile, car tout irait très bien, et ce, par 3 fois. Mais si je le sais d’avance, est-ce que ça n’enlèvera pas la réflexion nécessaire qu’un parent doit avoir avant de faire le choix d’essayer d’avoir des enfants? Si je sais d’avance que ce sera si facile, est-ce que je ne perds pas là une belle occasion de réfléchir à ce que je veux vraiment?

 

Je me suis aussi dit que je pourrais adoucir mon stress de femme enceinte, et m’avertir d’avance que mes deux premiers bébés seraient doux et portés sur le sommeil (pour mon troisième, je ne sais pas encore puisqu’il pour l’instant il est bien calme dans mon ventre). J’ai alors eu peur que cela précipite mon envie d’en avoir un deuxième... et si ce deuxième est conçu à un autre moment, ce ne sera pas le même ovule ni le même spermatozoïde. Ce ne sera donc pas le même enfant. Un autre, que j’aimerai sans doute autant dans cet univers parallèle, mais je ne voudrais pas prendre le risque de changer mon Arthur!

 

J’ai aussi pensé me dire d’arrêter d’écouter les commentaires désagréables, certains de personnes proches de moi, concernant mon entrepreneurship et ma reprise de la compagnie familiale. De n’en faire qu’à ma tête, et de fermer mes oreilles à ces gens-là. Sauf que si je suis d’avance avertie, je vais alors perdre un apprentissage précieux qui m’a pris des années à compléter (et qui n’est même pas encore complété!). Et puisque de toute façon je n’en ai fait qu’à ma tête, est-ce que ce pourrait changer réellement quelque chose à mon futur?

Emilie, à droite, en compagnie de son papa et de sa soeur.

Emilie, à droite, en compagnie de son papa et de sa soeur.

 

Je pourrais aussi y glisser des numéros de 6/49 gagnants. Mais est-ce qu’au final ça me rendrait plus heureuse? Peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être que ça créerait une chicane avec des amis proches, peut-être que ça me rapprocherait d’eux en faisant un gros voyage en gang. Au final, ce serait un coup de dés.

 

Présentement, à 31 ans, je suis heureuse dans ma vie. J’ai fait des choix pour arriver là où j’en suis, certains plus difficiles que d’autres, mais au final le résultat est très joyeux. Je n’ai pas envie de changer une seule parcelle de mon parcours; les apprentissages que j’y ai faits sont précieux et je ne veux pas changer cette vie.

 

Alors à mon moi de 15 ans, voici la lettre que je lui écrirais :  

Je t’aime. C’est tout ce que j’ose te dire sans influencer notre vie future.

Emilie de 31 ans, 2019.


Un texte et une photo d’Emilie Poirier

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