À quel âge peut-on laisser nos enfants colporter sans notre présence ?
18 h 30 dans un quartier résidentiel de Montréal, une jeune fille sonne à la porte. Elle est toute petite et semble avoir entre 8 et 10 ans. Elle vend du chocolat pour une activité parascolaire comme plusieurs enfants font régulièrement. D’instinct, je cherche ses parents des yeux. Habituellement, s’ils ne sont pas à la porte avec l’enfant, ils sont sur le trottoir à quelques pas. Je scrute à gauche, à droite, personne ne l’accompagne.
Cette absence m’a surprise. Et surtout troublée. À tout moment, j’aurais pu lui offrir d’entrer le temps que j’aille chercher des sous comme je le fais avec les livreurs de restaurants lors des soirées froides. Je le fais par politesse. Ce sont souvent des hommes adultes. Tous s’abstiennent. On entend tellement d’histoires. Encore ce mois-ci il y a eu un meurtre à quelques coins de rue de chez moi. Pourtant j’habite un quartier aisé. Des personnes déséquilibrées, il y en a partout. Surtout dans une grande ville comme la métropole.
Dans mon petit monde, les enfants font le tour de la famille, et le reste des bébelles à vendre, s’il y en a, est apporté au travail des parents. Tous n’ont pas cette chance. La jeune fille en question portait le voile et venait des grandes tours à appartements du boulevard. Il est tout à fait possible que ses parents soient de nouveaux arrivants qui n’ont pas le même réseau de distribution de chocolat et de savon des campagnes de financement. Peut-être ne peuvent-ils pas se passer de cet argent, alors que pour plusieurs le colportage se définit comme une activité ludique qui permet aux enfants de comprendre la valeur de l’argent.
Y a-t-il un âge où l’on peut laisser nos enfants colporter seuls chez des étrangers ? Bien sûr que chez les cousins, les grands-parents, les amis dont nous connaissons les parents ça peut être plus tôt. Mais chez des étrangers ?
Est-ce que l’on détermine cette limite en fonction du sexe ? Du tempérament de l’enfant ? De notre disponibilité ou de notre non-disponibilité ? De la différence (importante pour certains) que cet argent supplémentaire apportera, soit mon enfant peut ou ne peut pas faire l’activité en question ?
Article rédigé par Catherine Lemire