Mon enfant n’écoute pas !… ou mon enfant ne comprend pas ?

À la clinique, plusieurs parents nous consultent pour une première évaluation de leur tout petit en orthophonie. Lorsque ces familles nous joignent par téléphone ou en ligne, elles nous mentionnent avoir des inquiétudes au sujet du développement langagier de leur enfant. « Mon enfant comprend tout, mais il ne parle presque pas ! », nous dit-on souvent.

En amorçant le processus d’évaluation en orthophonie, il n’est pas rare que nous constations qu’à l’inverse de ce qui est avancé par les parents, la compréhension langagière de l’enfant présente des lacunes compte tenu de l’âge. En effet, l’enfant peut très bien comprendre et suivre des directives qui font partie de sa routine (ex. : Mets ton manteau, range tes jouets, etc.), d’où l’apparence d’une bonne compréhension par les proches et les personnes familières. Toutefois, dès que les consignes données sortent d’un contexte qui est connu de l’enfant, il devient alors difficile d’exécuter ce qui a été demandé. La compréhension de l’enfant est basée sur le contexte, l’expérience concrète et la routine, et elle est facilitée par des indices, des démonstrations, la répétition et le support visuel. Ainsi, si une consigne longue, une directive plus complexe ou une demande renfermant du vocabulaire inconnu de l’enfant lui est formulée, il est fort probable qu’il n’exécute pas ce qui lui a été demandé… pas parce qu’il est têtu et ne veut pas écouter, mais tout simplement parce qu’il n’a pas compris.

Vie de famille

 

La compréhension, étape par étape

Au départ, dans son développement, l’enfant comprend une consigne simple comprenant un élément (ex. : « Donne »). Puis, il comprendra une consigne à deux éléments (ex. : Donne la balle). Progressivement, il sera capable de comprendre une consigne à trois éléments (ex. : Donne la balle verte). Puis à quatre éléments (ex. : Mets tes souliers dans ta chambre). Avec le temps, l’enfant sera aussi capable de comprendre une consigne renfermant deux actions ou deux étapes (ex. : « Donne-moi la balle et mets le bloc dans la boîte. »). Pour savoir quand consulter un orthophoniste et connaître les indices d’un retard ou d’un trouble de langage, vous pouvez consulter la toise « Je grandis, je communique » de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ).

Un enfant a une compréhension fonctionnelle lorsqu’il peut suivre et participer à une conversation avec l’adulte, même quand l’échange est décontextualisé (ne concerne pas le « ici et maintenant »). 

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Comment peut-on favoriser une meilleure compréhension ?

Saviez-vous que les difficultés de compréhension sont un des obstacles pédagogiques les plus fréquemment cités par les intervenants en milieu scolaire ? Plusieurs des patients suivis en orthophonie présentent des difficultés réceptives, en plus de présenter des difficultés touchant le langage expressif. Voici quelques stratégies à mettre en action au quotidien pour aider votre enfant à mieux comprendre ce que vous lui communiquez !

Ajoutez des gestes naturels à vos paroles, surtout pour les mots abstraits. Expliquez-lui les mots nouveaux en lui montrant des objets ou des images. Démontrez visuellement ou par manipulations les consignes ou explications.

S’il ne répond pas à la question demandée, donnez-lui un choix de réponses, ou encore, une réponse farfelue ! Ex. : On a acheté le lait à l’épicerie ou au dépanneur ? On l’a acheté à la bibliothèque ?

Assurez-vous d’avoir son attention avant de donner des consignes et explications. Établissez un contact visuel avec lui avant les interventions verbales, et assurez-vous d’être à un endroit éloigné des stimuli auditifs, tactiles et visuels (fenêtres, affiches, jouets, etc.).

Faites des jeux de consignes ou de devinettes dans des situations naturelles (ex. : ranger l’épicerie, Jean dit…). Vérifiez la compréhension de l’enfant en lui demandant de reformuler ou en lui posant des questions. Choisissez des endroits farfelus pour placer les divers objets, cela vous permettra de sortir de la routine connue par l’enfant, et ce sera plus drôle !
Ex. : Mets la mitaine dans le congélateur. Mets la fourchette derrière le fauteuil. 

Donnez-lui des consignes simples et courtes, et insistez sur les mots les plus importants de la consigne. Choisissez des mots concrets et divisez vos consignes en étapes. Attention aux mots « avant de » et « après que » ou « après avoir », ainsi qu’aux consignes impliquant la rétention de plusieurs éléments. Ex. : « Avant d’aller regarder la télévision, range tes souliers dans le garde-robe et va mettre ton sac dans ta chambre. » « Range tes souliers dans le garde-robe. Va mettre ton sac dans ta chambre. Tu peux maintenant regarder la télévision. »

Utilisez un calendrier pour aider votre enfant à se situer lorsque vous utilisez les mots « hier, aujourd’hui, demain, la semaine prochaine, en fin de semaine, etc. ».

Ralentissez votre débit de parole et prononcez lentement, mais en demeurant naturel. Évitez de parler trop rapidement.

 Utilisez le nouveau vocabulaire fréquemment et dans plusieurs contextes différents. La répétition dans différents contextes favorise la rétention de l’information et la généralisation des apprentissages.

Lisez des livres ! Les livres sont de véritables bijoux pour la stimulation générale du langage chez l’enfant.

Article rédigé par Agathe Tupula Kabola, orthophoniste
@AgatheTupula
www.facebook.com/AgatheTupulaKabola 
www.kabola.ca




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