Salut Papa !
Tu es peut-être derrière mon épaule en me regardant t’écrire. Je ne sais pas. Mais bon.... D’une façon comme d’une autre, tu connais sans doute l’existence de chacune des phrases qui s’apprêtent à être transcrite. Parce que tous les mots choisis font partie de moi, de mes souvenirs, de mes expériences. Tout comme toi, papa.
Il y a quelques temps, ta petite fille m’a demandé la raison de ton absence. J’avais alors repris cette photo de toi qu’elle m’avait gentiment dérobé et je l’ai soigneusement remise sur mon bureau. Ah papa ! Je lui parle souvent de toi, tu sais ? De l’homme que tu étais, de ton sens de l’humour et de l’intelligence spectaculaire que tu avais. Mais jusqu’ici, jamais elle ne m’avait demandé où tu étais et j’ai été prise au dépourvu. Trois ans c’est tôt il me semble pour connaitre le sens de la vie. Je n’ai pas su lui expliquer pourquoi son grand-papa n’était pas là. Du moins, je n’ai pas pu lui dire les vraies raisons.
Grand-papa est parti en voyage, un très long voyage. Ce sont les mots qui sont sortis maladroitement de ma bouche. Malgré tout, je n’ai pas eu l’impression de mentir parce qu’après tout il y a une part de vérité. Il y a huit ans que tu nous as quitté pour ton plus long périple. Celui dont la durée est éternelle.
Elle ne t’a jamais connu. Et c’est mon regret le plus grand. J’aurais tant aimé que tu rencontres tes petits enfants et j’aurais aimé voir tes yeux plein de fierté à l’égard de mon rôle de mère. Je fais des erreurs mais si tu m’as bien appris une chose c’est de ne pas avoir peur. Ne pas avoir peur d’oser, ne pas avoir peur de poser des questions, ne pas avoir peur d’aller moi-même vers l’information et de faire en sorte de créer mes propres bonheurs. Ne rien attendre en retour. Et j’essaie tant bien que mal de partager ce côté de toi avec mes enfants.
Huit ans déjà ! C’est comme si c’était hier. Sur ton lit d’hôpital tu avais que ton humour et ta bravoure comme seuls bagages. Ma vie dans le vrai monde débutait, j’aurais tant voulu que tu m’accompagnes dans toute ces étapes qui font de moi qui je suis aujourd’hui. Mais ce jour froid de janvier nous étions dans l’obligation de te laisser partir. Pour que tu puisses laisser derrière toi toutes les souffrances du monde. Pour que tu puisses vêtir tes ailes d’ange. Ah papa !!
Es-tu fière de moi, papa ?! Qu’aimerais-tu me dire si tu le pouvais ?
De mon côté, j’aurais tant de choses à te dire. Ah si j’avais une échelle assez longue pour te visiter sur ton nuage…
Merci de m’avoir donné ton savoir et ta curiosité en héritage. Merci d’avoir illuminé ma vie comme le ferait un phare un soir de tempête. Merci d’avoir partagé avec moi ta passion de l’écriture. Merci pour toutes tes histoires. Merci pour l’année 2006 au grand complet. Merci de m’avoir appris l’autodérision. Merci de m’avoir dit à maintes reprises qu’on avait des dues qu’envers soi-même. Merci d’avoir laissé ta trace et de m’avoir créé des souvenirs que je n’oublierai jamais.
Je me souviens de m’être promis de toujours me souvenir de ta voix pour ne pas t’oublier, mais les années ont passées et au fil du temps je n’ai pas su tenir parole. Mais tu nous as légué tant de belles valeurs, tant de beaux souvenirs qu’il est impossible que j’oublie le père extraordinaire que tu étais.
Merci papa. Salut papa ! J’espère que tu fais un beau voyage ! Je t’aime.
Article rédigé par Kim Lefrançois-Racicot