Un retour aux études ? Pourquoi pas.
C’est arrivé comme ça, au resto avec une copine et les enfants qui courent partout : « Je retourne à l’école », qu’elle me dit. « Ah bon ? Je croyais que tu aimais ton boulot. Avec les enfants, le travail, tu n’y penses pas ? Ça ne fait pas un peu beaucoup ? »
Les mois ont passé et elle était heureuse. Intérieurement, je la jalousais. Mon poste avait été aboli à mon retour de congé de maternité de mon premier… j’étais alors enceinte de 5 mois. Je n’avais donc aucun boulot qui m’attendait et, plus le temps passait, moins j’avais envie de retourner dans le domaine de fou dans lequel j’évoluais avant d’être maman.
L’idée a germé et l’envie a grandi. C’est bien beau rêver, encore faut-il se le payer. Saviez-vous que, lorsque vous êtes parents, vous n’avez qu’à suivre deux cours par session pour être considéré à temps plein ? Saviez-vous que ce statut vous permet de demander des prêts et bourses et que le montant de l’aide peut se situer aux alentours de 1 000 $ par mois, voire un peu plus ?
Le premier matin, j’étais nerveuse. Mon fils qui avait un peu moins de 4 ans m’a mis une main sur l’épaule en me disant : « T’en fais pas, Maman. Tu vas te faire des amis à l’école. »
Quand j’ai commencé mes cours, j’ai été très surprise : il y a énormément de mamans qui se réorientent. Et, oui, j’ai développé de nouvelles amitiés, des femmes qui partagent mon cheminement, des femmes qui partagent mes intérêts avec qui je peux avoir une stimulation intellectuelle importante.
J’ai terminé mon certificat en décembre dernier. À la fin août, en même temps que l’entrée à la maternelle de mon plus vieux, j’entre en maîtrise. Je fais ce que j’aime, je suis heureuse. Cet horaire me permet d’être plus présente auprès de mes jeunes enfants. Nous pourrons dîner ensemble à la maison quelques dîners par semaine.
Mes garçons me voient dans mes livres, devant mon ordinateur. Ils me posent des questions, voient l’effort que je fournis. Ils observent que j’étudie, que je lis, que je fouille, que je travaille. Ils sont venus avec moi porter des livres à une bibliothèque de l’université. J’en ai profité pour leur faire une visite guidée. Ils sont tellement fiers !
Quand j’aurai terminé mon diplôme, mon petit dernier terminera sa maternelle. J’aurai devant moi beaucoup de belles années de pratique. J’ai choisi mon nouveau métier en fonction de ce que je suis devenue depuis la maternité.
Terminées les heures de fous avec un niveau de stress hyper élevé, les cinq à sept et le jeunisme qui te fait sentir dépassée à 32 ans. J’avais tellement voulu travailler en agences de publicité ! Ce n’était pas plus payant qu’il faut, mais je ne voulais pas de maison, je n’avais pas d’enfants. Je ne savais même pas si j’en voulais !
La femme et la mère que je suis ont fait le choix de pouvoir travailler de la maison dans un domaine recherché et payant. Je choisirai mon rythme de travail. Je serai là pour mes enfants le midi, au retour de l’école, etc.
En retournant, j’ai fait travailler mon cerveau à un niveau que j’avais oublié que j’étais capable d’atteindre. Ça m’a donné une confiance en moi extraordinaire. Je me suis offert le luxe de satisfaire mes désirs et mes envies, de sacrifier quelques années pour changer complètement ma vie professionnelle et personnelle. C’est le plus beau cadeau que je pouvais me faire et faire à mes enfants.
Article rédigé par Catherine Lemire