Allaiter : Aussi facile que dans les films?
Quand j’y pense, je crois que je savais que je voulais allaiter avant même de vouloir des enfants. Tout simplement. Pourtant, je n’ai pas été allaitée et peu de bébés autour de moi l’ont été. Mais quand je croisais des mamans allaitantes dans le cadre de mon travail, j’avais cette certitude que c’est ce que je voulais pour mon futur enfant. J’ai cru qu’allaiter, ça allait être facile. J’ai cru que ça allait être instinctif, naturel. Puis, au moment où ma doula m’a expliqué comment mettre bébé au sein pour ensuite me demander de prendre une poupée pour me pratiquer, j’ai compris que ça allait être un défi. Le côté instinctif et naturel, j’avais l’impression de ne pas l’avoir. Je prenais la poupée, je la tournais d’un côté puis de l’autre, mais je n’y arrivais pas. Bon, je suis consciente qu’une poupée, c’est n’est pas comme un vrai bébé et qu’en plus, mes hormones de grossesse pouvaient me faire oublier facilement ce qu’on m’avait montré 10 minutes plus tôt. Mais j’anticipais tout de même ce moment, j’avais peur de ne pas bien faire les choses, de ne pas remplir ma mission de maman qui voulait allaiter.
L’arrivée de bébé
Puis, ma fille est arrivée. Je l’ai prise, je l’ai collée, j’ai tenté de l’allaiter. Ça a fonctionné, douloureusement, mais ça a bel et bien fonctionné. Mon récit d’allaitement n’a rien de bien extraordinaire, mais il est rempli d’amour, de persévérance et de quelques larmes. Je crois que si j’avais lu plus de témoignages, je me serais mis moins de pression à l’arrivée de ma fille. En fait, je me rends compte que tout ce que j’avais lu sur l’allaitement, c’était soit très théorique, soit super positif. On ne m’avait pas parlé des mamelons gercés, de mon papa vraiment mal à l’aise de voir mon sein, des sueurs froides qui allaient perler dans mon front quand ça faisait trop mal. Mais la réalité, c’est que tout ça peut arriver, ou pas. Puis, à travers ce parcours viennent se glisser des jugements et une bonne dose de pression sociale. Mais malgré tout, jamais je ne regretterai ce bonheur lacté. Me coller sur ma fille et la nourrir jour après jour, la réconforter tétée après tétée, c’est la plus belle chose qui soit.
9 mois plus tard…
J’allaite depuis bientôt 9 mois. Les premières semaines ont été assez douloureuses puisque le frein de langue de ma fille était très court. L’infirmière nous en a avisés lors de sa visite postnatale, puis nous avons pris le temps de bien réfléchir à ce que nous allions faire. D’abord, parce qu’elle prenait bien son poids donc j’avais l’impression qu’il n’y avait pas de conséquence. Pourtant, il y en avait puisque moi, j’avais mal. Mais j’avais l’impression de vouloir faire couper un morceau de mon bébé pour mon propre confort. Bien honnêtement, c’est de cette façon que je voyais cela. Mais après une longue réflexion, le support de ma merveilleuse marraine d’allaitement et quelques visites à la clinique des bébés, nous avons eu recourt à cette procédure. Ma fille a subi une frénectomie. Je l’avoue, j’étais alors à deux doigts de cesser d’allaiter.
Durant ces semaines plus difficiles, je sentais une pression énorme. J’avais l’impression qu’on me trouvait trop intense de continuer, de persévérer. J’avais aussi lu quelque part que ça prenait environ 1 mois avant que ça ne devienne facile d’allaiter. Les semaines passaient et ça ne l’était toujours pas. Je me responsabilisais. Alors, quand on y pense bien, si j’avais cessé d’allaiter, on m’aurait jugé aussi. Les jugements viennent de partout, de gens bien intentionnés ou pas. C’est correct de décider d’arrêter si ce n’est pas ce que tu veux, tout comme ce l’est aussi de décider de poursuivre. Il y aura des hauts et des bas. Certains boires seront simples et remplis d’amour, alors que d’autres seront agités. Ici, j’ai la chance de faire équipe avec un conjoint soutenant et empathique, qui me respecte dans mes choix. Il sait que notre allaitement se terminera lorsque ma fille et moi en déciderons ainsi.
Vous souvenez-vous de Geneviève, la maman des triplées? Elle nous parle des fameuses questions auxquelles elle doit répondre lorsqu'elle sort avec ses filles.