Chacun sa part

Quand mon amie m’a annoncé qu’elle venait de se séparer, je suis restée bouche bée. Même si je l’avais vu venir, c’était un choc d’être devant le fait accompli.

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 Elle avait essayé, mais rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à se sortir de ce mal-être, de cette lourdeur. Les mois précédents cette grande décision, elle s’était cherchée, elle. Mais l’évidence était là, son ombrage rendait tout trop obscur, elle n’y voyait plus rien. Alors, elle a pris la décision la plus difficile de sa vie; renoncer à son idéal familial, pour elle, pour lui, pour eux.

Dès le départ, elle avait une idée bien précise de ce qui allait se passer, ou plutôt de ce qu’elle voudrait qu’il se passe. Elle avait un plan. Elle semblait bien dans sa décision. Comment aurais-je pu lui dire qu’elle n’aurait pas dû ? Ou, même, que son bonheur relatif des premiers instants ne durerait pas, puisque de grandes épreuves s’en venaient (l’épineuse question de la garde des enfants). 

Dans les mois qui ont suivi, son plan s’est effondré. Les choses ne se passaient pas comme elle l’avait imaginé, lui ne voyait pas les choses comme elle. Ça ne m’a pas surprise… elle ne l’a pas quitté pour rien !

J’ai été bien maladroite avec elle durant ces mois de chaos. Je n’y peux rien, je ne connais pas du tout les sentiments qui déchirent un couple. Je ne peux qu’imaginer ce qu’ils ont vécu, le déchirement de devoir mettre un terme à une histoire qui a commencé d’amour. La longue réflexion, l’hésitation maladive… « et si ce n’était pas la bonne option ? » L’intensité du désarroi. Car ça m’apparaît évident qu’on ne se sépare pas sur un coup de tête, pour des bottes qui traînent derrière la porte, des poubelles non vidées, une conversation avec un(e) autre.

Je ne savais pas du tout comment agir, comment la soutenir. Je lui ai fait des repas congelés pour lui faciliter la vie et je me suis contentée d’être là, tout simplement. Bien que ce soit malheureusement une réalité de plus en plus courante, il n’y a pas de marche à suivre pour soutenir quelqu’un qui se sépare. Ce qui a le plus aidé mon amie ? L‘appui de ses proches, même maladroits. Elle avait tellement peur d’être jugée et qu’on l’accuse, elle, de foutre le bordel. Oui, elle a la moitié de la faute. Mais lui a bien l’autre moitié ! On détient tous 50 % de responsabilité dans une relation. Que ça aille bien, ou que ça s’écroule, la personne qui quitte l’autre autant que la personne qui est laissée détient sa part de responsabilité. Sur différents plans. J’admets que ce n’est pas toujours évident à constater ni, surtout, à accepter.

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 J’ai déjà comparé une relation à une boule de cristal tenue par deux personnes. D’abord pour leur beauté et leur fragilité. Ensuite, pour leur non-retour en cas de fissures. Quand les fissures sont trop importantes, tout éclate. Imaginez deux personnes tenir la boule. Que se passe-t-il si une personne n’assume pas sa part de responsabilité ? Si une personne tente de la tenir seule ? Le déséquilibre peut être temporaire. Mais à long terme, inévitablement c’est l’épuisement et l’éclatement.

Mon amie, je l’ai vue s’éloigner, se débattre, restée prise dans de vieux cercles de contrôle. Je savais que peu importe ce que j’essaierais de faire, elle ne verrait rien, n’entendrait pas. Le chaos, vraiment.

Après deux ans, ils commencent à peine à prendre le rythme. Elle a retrouvé celle qu’elle avait enfouie un peu trop loin. Et ça, selon moi, ça justifie tout.

Article rédigé par Catherine Galarneau





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