Je n'ai pas d'amies

Parfois sur le blogue Je suis une maman, nous avons des lectrices qui souhaitent partager un témoignage avec nous. C’est le cas de ce texte où une lectrice nous partage sa réalité - soit celle où elle n’a pas d’amies.

D’ailleurs, sur le blogue, retrouvez toutes nos témoignages ici.

Est-ce votre réalité aussi ? Devenir maman a affecté vos amitiés ?

Place au témoignage.


Alors voilà: je n'ai pas d'amies! Bien sûr, j'ai des frères et sœurs, des cousin(e)s, des voisines et quelques connaissances avec qui je m'entends bien, mais pas de vraies amies, pas de BFF comme disent les jeunes.

Personne à appeler pour faire une virée shopping dernière minute. Une escapade entre filles sur un coup de tête?

Connaît pas!

Je ne participe pas aux concours de type « Gagnez une journée au spa entre filles » parce que je n'ai personne avec qui y aller!

Pourtant j'aime ma vie, j'ai un mari en or et des enfants que j'adore, mais il y a un manque...

Oui je peux me confier à mon homme, l'amour de ma vie, mais... une fille c'est pas pareil!

J'en vois, des amies qui se connaissent depuis la maternelle et j'envie leur complicité.

J'ai l'impression que rendue dans la trentaine, tous les matchs d'amies sont faits depuis longtemps et il n'en reste plus pour moi.

Je suis sur le bord du quai et je vois le bateau de l'amitié avec tous ces amis à bord partir, sans moi.

Il faut dire que rien ne m'a aidé à développer des relations d'amitié dans mon enfance. Ma mère est décédée quand j'étais petite.

Mon père, avec une maison à payer et deux enfants en bas âge sur les bras, a pris un 2e, puis un 3e emploi pour réussir à joindre les deux bouts.

Vous comprendrez qu'il n'avait pas de temps pour s'occuper de tout.

Résultat?

À 7 ans, au lieu d'aller jouer dehors avec les autres enfants du quartier, je devais faire la vaisselle. Et pas seulement laver... Essuyer, ranger et tout.

J'étais trop petite pour me rendre à l'évier...

Solution?

Il a fabriqué un banc pour que j'y arrive... (ça il avait le temps, par contre!).

Plus tard, l'époussetage, la balayeuse, le pliage de linge et le lavage de la salle de bain se sont rajoutés à ma liste de choses à faire avant de pouvoir jouer.

Il fallait que je sois capable de m'organiser dans la vie! C'était bien plus important que d'aller jouer et me faire des amis pour la vie! Inutile de dire que les souvenirs que je garde de mon enfance sont plutôt amers!

Mon père s'est remarié quelques années plus tard et je pensais que ma vie allait changer, que j'aurais plus de liberté... Erreur!

Avec les autres frères et sœurs qui se sont ajoutés, étant la plus vieille... Je devais donner l'exemple aux autres! Je devais accomplir un million de choses avant de pouvoir sortir.

Autrement dit, j'étais seule avec ma solitude en dehors des classes. Mes souvenirs d'adolescence sont tout aussi amers!

Je voyais mes amies à l'école seulement. Elles m'invitaient chez elles le soir ou la fin de semaine, mais quand je demandais à mon père c'était toujours un non catégorique.

Après quelques fois j'ai compris que ça n'arriverait jamais et j'ai arrêté de demander... et elles aussi.

J'ai eu à changer d'école au primaire et quand on s'est retrouvées quelques années plus tard au secondaire, ce n'était plus pareil.

On ne se reconnaissait plus... on avait changé.

Peut-être étais-je trop sérieuse, trop « adulte » pour elles? Je ne le saurai jamais.

Aujourd'hui, je côtoie mes parents régulièrement, comme bien des familles et je l'aime mon père, mais nous ne sommes pas proches.

On dirait que je l'aime par défaut, parce que je n'en ai pas d'autre. J'ai le sentiment qu'il a volé quelque chose à mon enfance...

Il m'a fait devenir adulte trop vite dans le sens où il m'a donné des responsabilités que je n'aurais jamais dû avoir à cet âge. 

Je n'avais pas le droit d'être une enfant insouciante comme les autres... Je devais m'occuper de ce que lui n'avait pas le temps de faire et c'est terriblement injuste.

Tout ça pour dire que les circonstances de ma vie ont fait en sorte que je n'ai jamais eu d'amitiés durables.

Avec les années j'ai apprivoisé la solitude côté amis, j'avais réussi à me convaincre que des amies, si je n'en ai toujours pas c'est que je n'en ai pas besoin!

De toute façon, c'est peut-être mieux ainsi car je ne ferais probablement pas une bonne « chum de fille » puisque je ne sais pas comment on fait!

Je sais entretenir ma relation amoureuse... mais une relation d'amitié, une vraie, qui a passé par vents et marées et qui survit à tout?

Je n'ai jamais connu ça!

J'ai manqué le bateau quand il est passé et je n'ai jamais pu combler ce vide que je me suis efforcée d'ignorer toutes ces années, mais qui encore au moment d'écrire ces lignes fait toujours aussi mal.

Auteure anonyme


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