Les joies de se faire pousser une bedaine

Crédit photo : Véronique Désormeaux

Crédit photo : Véronique Désormeaux

Porter un enfant est un cadeau de la vie. Nul ne peut démentir ce fait. En nous se construit un beau petit être humain tout neuf. Le corps humain est une machine puissante et mystérieuse. Nous sommes plus que chanceuses de pouvoir vivre cette belle aventure qu’est la maternité. Ceci dit, pour plusieurs d’entre nous, dont moi-même, notre belle machine nous offre également son lot d’ennuis mécaniques pendant ces neufs magnifiques mois. Permettez-moi, avec un brin d’humour, de retirer nos lunettes roses et de plonger un peu plus indiscrètement dans tout ce qu’implique le fait de se faire pousser une bedaine.

Voilà, c’est fait, vous avez fait votre petit pipi sur le bâton en plastique à 20$ qui vous a confirmé que la magie a opéré, que vous êtes bel et bien enceinte. Danse de la joie et tralala, vous allez même jusqu’à publier une photo du dit bâton sur les réseaux sociaux. C’est le bonheur! Vous allez être maman!

Crédit photo : Véronique Désormeaux

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Les premières semaines passent et les nausées naissent. Matin, midi, soir ou un tout inclus, votre estomac fait des siennes. Vous avez constamment l’impression d’être en croisière, sans le soleil et le fun qui vient avec. Vous vous surprenez à apprécier la froideur de la céramique de votre salle de bain entre deux hauts le cœur. Vous pouvez même vous vanter d’être capable de vomir et conduire votre voiture en même temps! Tout un défi! Heureusement, il y a le Diclectin pour venir à votre rescousse! Mais attention, la somnolence entraînée par ce médicament peut vous donner envie de continuer à avoir mal au cœur à la place…

Tranquillement, votre tour de taille prend de l’expansion. Au départ, pour un œil d’inconnu rien n’y parait, mais pour votre entourage c’est le signal pour passer en mode public! Voilà maintenant que votre muffin top n’a plus rien de privé. Tout un chacun se permet d’y mettre la main pour saluer votre crevette sans nécessairement y avoir été invité. Vous réalisez à ce moment que votre corps ne vous appartient plus vraiment… Il est simplement le contenant de votre précieuse graine de vie. Attendez un peu d’avoir le ventre un peu plus rebondi… Même à l’épicerie votre corps subira les assauts des « gentilles madames ». Vous êtes quitte pour porter un chandail portant une inscription telle que « Ne pas toucher, mère agressive! » pour tenter de dissuader le commun des mortels, et encore.

Crédit photo : Véronique Désormeaux

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Il n’y a pas que votre bedaine qui s’amplifie… Votre poitrine aussi!! Et pas qu’un peu! Vous n’en pouvez plus d’avoir des boules grosses comme des melons! Ce n’est pas mêlant, vous pourriez assommer l’un de vos enfants simplement en retirant votre brassière! Et vous ne savez que trop bien que la gravité fera son œuvre et que dans un avenir pas si lointain vous devrez sans aucun doute vous les attacher autour du cou! Dans l’immédiat, vos seins sont tellement lourds et douloureux que simplement marcher est un sport extrême. Et votre conjoint qui voudrait bien y mettre la main n’a même pas le droit d’y penser! Juste un effleurement pourrait vous faire grincer des dents… Allô le plaisir!

Justement, parlons-en du plaisir! Si pour certaines les hormones de grossesse les transforme en tigresses, pour d’autres c’est tout à fait le contraire. Notre libido est au point mort. Mort, mort, mort. Aucune pensée coquine, aucun désir, rien. Et si par miracle on se convainc de faire un effort pour rendre notre douce moitié heureuse, c’est assez laborieux. La grande sécheresse qui habite notre passage secret rend les choses beaucoup moins sensuelles…! Vive le K-Y! Et si le nerf sciatique se met de la partie, bonjour la simplicité! Chéri sera au pain sec et à l’eau pour plusieurs mois encore!

Si nos charmantes hormones pourraient affecter seulement notre vie sexuelle, ce sera une chose. Mais non. Notre système émotionnel est sens dessus dessous. Heureuse, triste, heureuse, triste, en Tabarn*/%, heureuse, triste, hystérique, etc. Et ça c’est juste pendant 90 minutes!! De véritables montagnes russes!! Nous ne sommes plus l’ombre de nous-même! Avouons-le, nous souhaiterions parfois secrètement avoir le droit de s’enfermer dans une grotte, à l’abri de tous, pour couver tranquillement notre œuf sans n’avoir besoin de parler avec qui que ce soit. Encore surprenant que notre chum (qui plus est en manque de sexe, rappelons-le) ne prenne pas la poudre d’escampette!

Et un bonus offert simplement à certaines d’entre nous : la rétention d’eau. Quelle magnifique invention de la nature humaine n’est-ce pas?! En plus de grossir du haut du corps, quelqu’un quelque part s’est dit «faisons-les enfler du bas aussi, juste pour le fun…» Du vrai bonheur. Et si, pour rendre l’anecdote encore plus savoureuse, on ajoute à ça l’insuffisance veineuse, on gagne gros. Non seulement vos jambes enflent comme des gros jarrets de porc, mais en plus les veines gonflent et deviennent mauves partout sur vos petites pattes. Fiston pourrait même avoir le goût de jouer aux petites autos dessus tellement ça ressemble à des chemins sinueux… Et si vous êtes vraiment, vraiment chanceuse, vos veines seront tellement gonflées que le sang affluera en masse dans votre région pelvienne, formant ainsi des varices vulvaires, ici communément appelé «le syndrome de la grosse noune». Pour vulgariser ce symptôme, c’est un peu comme avoir un pamplemousse entre les jambes pendant plusieurs mois. Fan-tas-ti-que.

Je pourrais continuer ainsi avec la constipation, les hémorroïdes qui viennent avec, la satanée fatigue qui nous rend incompétente au quotidien, notre soudaine mémoire de poisson rouge, nos envies de nourriture douteuses, notre peau qui semble croire que nous avons à nouveau 14 ans, notre perte de cheveux, nos ongles cassants, nos dents sensibles, les brûlures d’estomac, l’incontinence, le diabète de grossesse, les prés éclampsies et compagnie, les dépressions, etc. Les joies de se faire pousser une bedaine quoi! Ouf!     

Remettons maintenant nos lunettes roses, parce que la vie, c’est ça… Il faut parfois savoir fermer les yeux sur plusieurs désagréments pour concevoir la plus belle des merveilles! Mais qu’on se le dise mesdames, on est faites forte en mausus!! Bravo à nous! Et bonne grossesse!

Article rédigé par Véronique Désormeaux




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