Le terrible 2- témoignage
J’avais tellement souvent entendu parler du terrible 2 ans. Pourtant avant de l’avoir vraiment vécu et d’y avoir allégrement goûté avec mon deuxième enfant, je me disais que rien n’était insurmontable. Insurmontable non, mais exigeant ça oui!
Mon premier enfant avait un caractère doux et calme et même lorsque son frère est arrivé, il n’a pas eu beaucoup de réaction. Mais ce fameux frère, celui qui a ébranlé toutes mes croyances en matière d’enfants, lui, il a su me démontrer ce que c’est qu’un VRAI terrible two. Et pour y goûter, cette fois, on y a goûté. Il a été long et pénible ce moment à passer. Il a duré de 18 mois environ à 3 ans presque et demi.
De ce petit bébé vigoureux qu’il était, on aurait dit qu’il se transformait. Toute l’énergie que je pouvais avoir était anéantie le temps d’une seule de ses crises. Et des crises il y en avait des tonnes. Je ne pourrais jamais vous dire à quel point on peut se sentir désarmé lorsque notre enfant se met à se rebeller, qu’il tente de s’affirmer avec tellement de vigueur qu’il en oublie des valeurs fondamentales et importantes pour nous.
Mais comme tous les parents qui le vivent, vous n’avez pas besoin de m’entendre me plaindre sur le sujet, ce que vous recherchez en vain, ce sont des solutions.
Alors voici les miennes. Mais je tiens à vous préciser, qu’aucune n’est valable en tout temps. Il faut être patient, plus qu’on n’aurait jamais pensé l’être, imaginatifs et surtout toujours avoir deux solutions de rechange car du jour au lendemain les solutions qui fonctionnaient, ne fonctionnent plus. Sans le voir venir, le problème qui semblait soudainement vaincu, revient en force, vous désarmant encore davantage.
Techniques de relaxation : Une de mes idées était que mes enfants devaient avant tout retrouver leur calme, et une bonne façon d’y arriver était de faire un petit exercice avec eux. Le mien est fort simple, je leur demande de respirer avec moi. Pour que ce soit plus facile pour eux de comprendre le rythme je fais lever les mains quand ils inspirent et descendre les mains vers le sol alors qu’ils expirent. On le fait aussi souvent et aussi longtemps que nécessaire. Mais souvent 5 fois de suite suffisent à faire changer le rythme et à calmer les ardeurs. Ils sont ensuite plus réceptifs.
Énoncer clairement nos attentes et éviter les longs discours : Souvent lorsque nous même nous laissons emporter, nous commençons des phrases et des discours interminables. Il faut apprendre, quitte à avoir l’air un peu fou, à s’arrêter et se reprendre. Quitte à laisser l’enfant nous attendre un instant le temps de formuler notre pensée avant de lui exposer plus clairement et en moins de mots. Aussi il faut bien être clair dans nos attentes envers eux. Je ne veux pas que tu donnes des coups aux autres.
Sécurité : Certains enfants, comme le mien, se laissent littéralement tomber par terre. Dans ce cas, il vaut parfois mieux y aller pour la sécurité. Si vous voulez ignorer la crise pour qu’elle cesse rapidement mais que vous ne voulez pas qu’il se blesse par exemple. Il pourrait être utile de le rattraper pour éviter qu’il ne se cogne la tête par terre avant de l’ignorer et de continuer vos occupations. Ainsi on peut faire une intervention efficace, sans risquer les blessures. Souvent je lui donne les directives en lui tenant le bras, et le rattrape par celui-ci pour amortir sa chute avant de le laisser balayer le plancher de tout son corps en signe de protestation.
Prendre l’enfant à l’écart : J’ai souvent remarqué que mon fils se laissait souvent distraire par tout ce qui l’entourait, que ce soit les jouets ou les personnes. Lorsque j’attends quelque chose de lui, je suis toujours mieux, surtout si je désire qu’il écoute rapidement la consigne, de lui parler dans un endroit retiré où il n’aura pas de distractions. Aussi, se mettre à son niveau pour lui parler attire toujours davantage son attention.
Lire des livres sur la discipline : Beaucoup de livres parlent de discipline positive. Je n’adhère pas à tous leurs principes, mais je suis persuadée que leur lecture aide grandement à stimuler l’imagination des parents qui ont des enfants en crise.
Être constant : Même si c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, la constance est souvent la clé du problème. Et même si une semaine à être constant vous semble suffisant, c’est toujours qu’il faut l’être. Un bon truc que j’ai trouvé avec le temps, car parfois j’oubliais les actions à prendre dans une telle ou une autre situation, c’est de me faire un résumé que je colle sur le frigo. Même mes enfants vont parfois faire semblant de lire les consignes sur le frigo car ils ne savent encore pas lire. Ça me permet de me rafraichir la mémoire constamment et de garder le focus sur ce qui est le plus important à mes yeux : garder le contrôle sur mes propres réactions face à mes enfants.
Ne faire qu’un avec papa, former une équipe : Même si on ne s’est pas toujours entendu sur tout avec mon mari, son appui fait toute la différence. Toutes les actions prises à deux ont beaucoup plus de poids au bout de la ligne. Ça assure une bonne continuité quand papa revient de travailler par exemple. Et les papas, on ne s’en passerait pas.
Déleguer : Demander de l’aide du CLSC ou d’un proche pour tout le reste lorsqu’on se sent au bout du rouleau. Quand le rôle de parent prend toute notre énergie, rien ne vaut une petite aide pour le reste afin de mieux se consacrer à son enfant et lui donner toute l’attention dont il a besoin pour bien passer au travers de cette étape. Que ce soit grand-maman qui vient nous aider pour le ménage la fin de semaine ou une amie qui prendra les enfants pour quelques heures le temps de souffler, l’aide est toujours bienvenue et nous permet de se remettre en question et de refaire le bilan sur nos interventions.
Compter : Il s’agit de donner un délai dans lequel l’enfant doit exécuter les tâches qu’on lui demande. Parfois il s’agit de programmer une sonnerie pour indiquer le temps qu’il reste avant l’heure du coucher. D’autre fois ce sera de compter jusqu’à trois avant qu’il ait commencé de ranger ses jouets. J’ai remarqué que ces délais, même si l’enfant essaie de déjouer les règles de temps à autre permet à ce dernier de mieux saisir l’importance du temps de réaction. Qu’il ne s’agit pas de faire un jour ou l’autre la tâche demandée mais bien de s’exécuter dans des délais que l’on lui impose.
Être patient : À l’opposée, il faut aussi être très patient. Aucun enfant n’a le même rythme et il faut respecter le leur. J’entends par là que tant que l’enfant effectue l’action demandée, le parent se doit de ne pas mettre davantage de pression. S’il arrête de ramasser ses jouets pour commencer à jouer par contre, c’est autre chose.
Consoler et passer à autre chose : Il est parfois facile de rester fâcher contre son enfant, surtout lorsqu’on passe une période difficile et que les bêtises se suivent toute la journée ou même toute la semaine. Il est important en tant que parent de bien s’assurer de passer à autre chose, mais aussi de s’assurer que notre enfant lui aussi a passé à autre chose. Une façon que je trouve bien pratique, c’est que si on donne une réparation à un mauvais geste posé par l’enfant. Dès que la réparation est faite, on passe à autre chose. On peut alors faire un câlin à l’enfant ou le féliciter pour la manière qu’il a exécuté la réparation. Tu vois c’est ce genre de comportement que j’attends de toi, tu as bien réparé ton geste. Ainsi il se sent valorisé et est moins enclin à recommencer les mauvais gestes qu’il a posés.
Bien valoriser l’enfant : Il est important, en tout temps au courant de la vie de l’enfant, mais encore plus quand il passe une phase difficile comme le terrible deux ans de bien le valoriser pour les gestes qu’il fait correctement dans la maison. À un certain moment avec mon fils j’en étais rendue à ne plus me rappeler les bons gestes qu’il posait. Et je crois que lui non plus d’ailleurs. J’ai commencé à m’arrêter et à penser à ce qu’il faisait de bien. Étrangement au début ça été plutôt difficile, mais de jour en jour c’était de mieux en mieux.
Faire bilan de la journée : Je trouve qu’il est intéressant pour l’enfant que l’on prenne la peine de lui signifier à la fin de la journée si on est fier de lui ou si on trouve que la journée à été difficile. Ici j’y pense davantage sur l’heure du souper. J’en profite, quand tout le monde est assis pour faire un tour de table et faire un petit bilan. Hier tout allait bien j’étais bien fière pour telle ou telle raison. Aujourd’hui ça été un peu plus difficile, malgré que vous m’avez fait un beau ménage de vos jouets. Pourrait-on demain faire un petit effort pour se parler davantage ou corriger tel comportement. Étrangement lorsque j’ai commencé je ne croyais pas voir de résultats, mais j’ai l’impression qu’ils s’attendent maintenant à ce moment et font ce qu’ils peuvent pour avoir un résultat de leur journée positif.
Passer du temps seul avec l’enfant, faire des choses qu’il aime : Bien que je l’ai mis en dernier, celui-ci devrait être fait avant tous les autres. J’ai déjà lu dans un livre qui traite de discipline qu’avant de demander d’avoir des attentes envers nos enfants, il fallait d’abord combler tous leurs besoins autant physiques qu’émotifs. Je n’étais pas persuadée de ce concept avant de le tester. Maintenant, je vous dirais la même chose que cet auteur. Lorsque l’enfant se sent valorisé et aimé, qu’il n’a pas de carence aucune, il se sent beaucoup plus enclin à écouter vos directives. Le fait de passer du temps seul avec votre enfant, de bien l’écouter et de bien prendre le temps de discuter et de jouer avec lui à quelque chose qu’il aime fait toute une différence.
Leur donner de bons outils : Ici c’est ma meilleure partie, le moment où on doit se creuser la tête en tant qu’adulte pour se dire, quel est le vrai bon comportement acceptable à la situation qui vient de se produire. C’est souvent ce qui est le plus payant, quoi que parfois long et demandant beaucoup d’imagination, c’est la solution qui fait à moyen et long terme toute la différence car il sème une graine de bon comportement dans la tête de l’enfant qui aura une bonne piste à suivre la prochaine fois qu’une situation similaire se présentera.
Et mon dernier conseil à vous tous qui comme nous le vivrez, demandez de l’aide. Un répit pour les parents est souvent la meilleure façon de reprendre son souffle et d’arriver à mieux gérer les situations difficiles comme le terrible 2 ans. Que ce soit 2 heures ou une journée, une gand-maman ou une amie, une alte-garderie ou autre.
Et consolez-vous, les parents parfaits n’existent pas. Mais il existe des tonnes de parents qui font de leur mieux et qui sont prêts à se remettre en question et à évoluer avec leurs enfants et ça c’est le plus important à mon sens.
Et si jamais vous avez d’autres trucs que je n’ai pas mentionnés, je vous écouterai avec grande attention car ma petite dernière a maintenant 18 mois et je sens que ce ne sera pas de tout repos encore une fois.
Article rédigé par Pascal Ouellet
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