La vie de nomade
Nous avions une belle maison à deux étages avec sous-sol, rénovée à grands frais ces dernières années. Nous avions aussi deux autos, un grand terrain avec piscine sur le bord d’un lac et toute la technologie dont nous avions besoin. Nous avons maintenant une belle maison de 400 pieds carrés. Nous n’avons plus qu’une auto, un terrain suffisamment grand pour nous installer, la technologie n’est pas toujours là et je partage la piscine avec plein de monde.
Pourquoi pensez-vous que j’ai tout perdu ? Et si j’avais plutôt tout gagné ? Il n’y a plus de terrain à entretenir, de compte d’électricité ou de taxes municipales. Moins de frais d’auto, de compte Internet ou de téléphone. Est-ce que ça coûte moins cher ? Je ne sais pas ! Il y a beaucoup de coûts quand même. Différents de ceux d’avant, par contre. Mais au-delà des dépenses existantes ou passées, il y a le plus important : Il n’y a plus de travail à temps plein !
Mais ça ne veut pas dire que l’on travaille moins. C’est simplement plus calme. C’est prendre le temps. C’est, pour mon mari, travailler beaucoup pendant les mois d’été, ceux qui permettent d’être au Canada. Travailler moins longtemps pour travailler plus fort. Répartir son travail sur la moitié du temps. C’est, pour moi, travailler toute seule, pendant les mois d’été. Apprendre à vivre en solitaire et faire de la place pour les débordements.
C’est, par la suite, profiter de l’instant présent et d’être tous les six ensembles.
Voyager n’est pas gratuit, même si j’aimerais que ce soit le cas. Économiser, travailler plus en peu de temps, réduire les dépenses, réfléchir avant de payer. C’est ainsi que ça fonctionne. Pas de miracles ni de plantation d’arbres d’argent.
Ça demande des compromis. Beaucoup de compromis.
Ça demande des sacrifices. Beaucoup de sacrifices.
Même quand on a suffisamment d’argent, on a peur d’en manquer. Parce que l’on a les dépenses qui viennent avec le revenu. C’est quand on baisse ses standards que l’on peut envisager d’y arriver. On apprend à croire plus fort que tout ira bien. On laisse de côté ses peurs pour aller au-delà. Parce que c’est quand on n’a plus d’emprise sur l’inconnu que l’on peut voir la beauté de ce que la vie nous réserve. Il faut croire que tout est possible parce que c’est le cas.
Bien sûr que l’on doit calculer, prévoir. Nos rentrées d’argent ne sont plus ce qu’elles étaient. Plus aussi stables non plus. On s’adapte, on s’ajuste. Quand il y en a plus, on en met de côté pour quand il y en aura moins. Quand il y en a moins, on prend ce qui était de côté et on dépense moins. Au fond, c’est comme avant. On ajuste nos dépenses selon nos revenus... Ou l’inverse !
Mon grand m’a fait remarquer que nous étions les seuls animaux à échanger de l’argent. Que tous les autres n’utilisaient que l’essentiel, et laissaient la nature dicter les règles. Un peu philosophe, mais il a raison. Il n’y a que l’humain pour vouloir toujours plus. Pour sacrifier la meute et l’amour. Il paraît que ça vient avec l’intelligence. Il m’a répondu que l’on pourrait réfléchir moins ! Parce qu’être heureux, ça se mesure à être aimé et respecté, et que ça ne s’achète pas. Ce qui s’achète c’est le gîte et le pain.
Nous nous occupons donc de manger et de nous installer là où nous sommes en sécurité. C’est pour cela que l’argent devient nécessaire. Le reste n’est qu’illusoire. Il n’y a que le cœur qui décide vraiment.
Article rédigé par Nathalie de Six Nomades
Nathalie, du blogue Six Nomade, partage à nouveau avec nous.