Le choc des valeurs

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On aime aussi partager nos pensées et nos témoignages, car on trouve ça important d’avoir un endroit où nous pouvons échanger, s’écouter et s’entraider.

Dans ce texte, Christine nous raconte les impacts, pas toujours négatifs, d’une décision familiale qu’elle a prise avec son conjoint il y a plusieurs années.


Avez-vous déjà rêvé de quitter le tourbillon de la ville ?

Imaginez : vivre au cœur de la nature, au rythme des saisons. Avoir de grands jardins, de grands espaces pour vous balader. Une forêt magnifique dans laquelle vous pouvez vous ressourcer.



Le retour aux sources

Quand j’ai eu mon premier enfant, le déclic s’est fait. Aller vivre au Bas-St-Laurent, sur cette terre immense où mon chum a grandi. Parce que pour lui, la vie en ville était impensable. Les petits espaces étaient à cent mille lieux de ce qu’il avait toujours connu. Il étouffait.

 

Pour moi qui ai vécu près de Montréal, c’était un virage à 180 degrés. Mais l'idée d'élever nos enfants sur la terre natale de leur papa, en pleine nature, dans une si belle forêt, me rendait très enthousiaste. C’était en phase avec les valeurs que je voulais leur transmettre.

 

Le grand saut

Après des années de préparations, on l'a fait ! Mon chum et son père ont construit une maison avec les arbres de notre terre. Un gros projet !

La vie dont nous avions rêvé était devenue réalité. L’école maison, la nature, les jardins, l’arrivée du quatrième bébé. Même rentrer le bois de chauffage avec les enfants était amusant !

Quel plaisir de les voir gambader dans les prairies, émerveillées par tout ce que la nature peut leur offrir ! I Ils étaient libres et heureux ! Tout était (presque!) parfait.

Là où ça s’est corsé

L’adolescence. Je ne pourrais même pas identifier le moment précis où l’émerveillement s’est transformé en aversion. Où l’idée d’aller chercher un légume dans le jardin est devenue rebutante. Où le besoin de fuir cette forêt est devenu plus fort que tout.

Mes deux plus vieilles se sentent isolées, elles ne peuvent pas sortir le soir pour aller chiller chez leurs amies dans les villages environnants. Les cours et les activités sont loin et peu accessibles.

 

Pendant la pandémie, ça passait encore, parce que c’était le lot de tout le monde. Mais le retour à la vie normale a enfoncé le couteau dans la plaie.

Pour la deuxième, les grands espaces sont devenus anxiogènes. Elle déteste se sentir loin de ses amies. Elle panique à l’idée d’être ici. Elle souffre. Elle veut être ailleurs.


Valeurs fracturées

Nous avions pensé leur offrir une vie saine. Des valeurs ancrées dans le rythme sacré de la nature. L’autonomie, la liberté, les grands espaces. Ironiquement, leur crise d’adolescence ne prend pas racine dans la révolte contre le système, mais contre nos valeurs !  

Je me suis questionnée et culpabilisée. Est-ce que nos choix de vie ont teinté négativement la vie de nos enfants ? Est-ce que mes filles auraient été plus heureuses en ville ?  Est-ce que les deux plus jeunes vont vivre la même désillusion ?

Home sweet home

Cette année, ma plus vieille a quitté la maison pour étudier au cégep. Devinez quoi? Elle qui avait tellement pesté contre notre mode de vie, elle adore revenir à la maison. C’est devenu un lieu apaisant et confortable. Elle se sent chez elle !

Et si nous avions semé des graines ?

Chaque enfant est différent. Chacun est porteur de son propre univers. Oui, les choix que nous faisons comme parents ont un impact. Il se peut même que nos enfants explorent des valeurs opposées aux nôtres. Et c’est correct ! Ça fait partie de leur quête identitaire. 

Est-ce que la deuxième trouvera le même réconfort en revenant à la maison ? Qui sait ! Une chose est certaine, elle deviendra l'artisane de sa propre vie et tracera le chemin qui lui convient. Elle saura que quoi qu’il arrive, elle aura une place bien au chaud au cœur de notre belle forêt.



Texte par Christine Charlebois                                                                                                                            Collaboratrice invitée – Team J

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