Comment je suis devenue un peu moins maman poule
Ce que mes enfants peuvent ou ne peuvent pas faire est un des débats les plus enflammés entre mon chum et moi. Il les laisserait aller en vélo partout dans le quartier, grimper comme ils veulent, utiliser ses outils et moi je suis stressée qu’ils se perdent, se fassent mal, se fassent frapper ou tout autre scénario catastrophe. Il est un papa zen et je suis une maman poule. Nous sommes constamment en train de faire des compromis chacun de notre côté afin de trouver un équilibre acceptable pour tout le monde.
Pendant le confinement, les enfants ont appris tous les deux à faire du vélo à deux roues. Ils adorent cela. Comme c’est moi qui étais en charge des enfants à cette période, car mon chum n’a pas arrêté de travailler, j’ai établi un périmètre qui me semblait respectable pour que les enfants puissent avoir du plaisir et que je puisse avoir un œil sur eux même quand j’étais à l’intérieur de la maison. Mais faire toujours le même petit bout de rue devenait ennuyant. Ils me demandaient sans cesse de pouvoir faire « un tour du carré » dans le quartier. Mon chum était tout à fait en accord avec leur demande. Mais moi, j’avais une boule dans l’estomac juste d’y penser. Je m’imaginais une voiture qui roulait trop vite, une roche qui les faisait dérailler, une envie d’aventure qui les amenait à sortir du trajet habituel… Je faisais des boutons en listant tout ce qui pouvait mal tourner. J’étais incapable de dire oui. Le bonheur qu’ils allaient éprouver en pédalant 5 minutes loin de mes yeux n’égalait en rien l’anxiété que cela me ferait ressentir.
Puis, sur le compte Instagram de La parfaite maman imparfaite, j’ai vu qu’elle utilisait des walkies-talkies avec ses enfants. J’ai magasiné un peu, trouvé une compagnie qui faisait des walkies-talkies pas trop chers, simples à utiliser et qui avaient une portée assez intéressante. (Après coup j’ai réalisé que j’ai acheté exactement les mêmes que la parfaite maman imparfaite. Toutes ces recherches pour rien!) Savoir que je pouvais entrer en contact avec eux n’importe quand, mais surtout qu’ils pouvaient me contacter au moindre petit pépin me permettait de mieux respirer. La maman poule en moi s’est calmée le gros nerf. J’ai fait le trajet avec eux, j’ai nommé, renommé et insisté sur les règles de sécurité. Nous nous sommes créé des codes pour bien nous comprendre rapidement sans avoir à jaser 5 minutes dans le walkie-talkie et ils ont enfin fait leur premier « tour du carré » tout seuls! Tout s’est bien déroulé. Au début, ils me disaient exactement tout ce qui se passait pendant leur promenade. J’étais au courant des abeilles qui butinent dans le quartier, des voitures qui circulent dans les rues avoisinantes, du chien du troisième voisin qui a fait caca dans la rue… On a recadré ce qui devait être nommé ou non et finalement, on y est arrivé. Ils peuvent avoir plus de liberté, je ne vis pas trop d’anxiété et mon chum me voit faire mon cheminement et est bien heureux de me voir relaxer.
Un témoignage on ne peut plus vrai en cette Semaine nationale de la santé mentale. Parce que oui, on peut souffrir sans que cela ne soit apparent.