Dire oui quand c’est non
Aujourd’hui, je rencontrais une nouvelle maman pour une évaluation. Elle a des douleurs depuis son accouchement. Elle m’a dit une phrase bouleversante. Une phrase qui me prend au cœur chaque fois que je l’entends. Et je l’entends cette phrase. Toutes les semaines depuis 10 ans. Voyez-vous où je veux en venir? Je parle ici du devoir conjugal!
Et oui, c’est un texte écrit en 2019! Peut-être pensez-vous que la notion de devoir conjugal s’est éteinte avec la génération de nos grands-mamans? Mais non, elle est encore bien présente.
J’ai moi-même eu des douleurs après mon enfant du milieu J’ai entrepris ma réadaptation avec succès 14 mois plus tard avec ma superbe collègue Catherine. Je n’en avais pas la force avant. Et ça faisait 14 mois que je n’avais pas eu de relation. Parce que, pour moi, une relation, c’est un échange entre deux personnes qui s’aiment. Une connexion. Un moment privilégié. Alors quand 50% du partenariat souffre, je ne vois pas l’intérêt de la chose. Je n’ai jamais eu pitié de mon chum, car, selon moi, c’était moi qui faisais pitié avec mes douleurs. Pourtant, on me l’a dit, cette phrase. Et par des amis proches en plus.
« Pauvre Mathieu, tu devrais te forcer un peu. »
Me forcer? Hein? C’est quoi cette idée-là?
Mon corps me parle clairement. Il me dit que l’humain qui vient de sortir de là a réellement fait des dommages. Il a besoin d’aide. Pas de confrontation.
À ma clinique, je vois régulièrement des mamans qui se forcent à avoir des relations sexuelles avec leur chum. Elles appréhendent la douleur, se crispent, et ce, avec raison.
Les douleurs aux relations, ce n’est pas que psychologique.
Comment avoir un mouvement de va-et-vient si la peau ne suit pas à cause d’une cicatrice? Comment avoir une pénétration si les muscles bloquent l’entrée du vagin? Comment avoir une relation si les nerfs sont à vifs et brûlent comme du feu?
J’ai envie de te raisonner, petite maman.
Tes douleurs sont réelles. Tu as besoin qu’on prenne soin de toi. Qu’on se soucie des dégâts.
De l’intimité, de la proximité, on peut en avoir autrement que par la pénétration.
Donc, aujourd’hui, j’ai essayé de donner une raison médicale à ma patiente. Les relations sont officiellement proscrites jusqu’à nouvel ordre. Parce qu’une pénétration qui fait mal amène plus de tensions. Et plus de tensions, c’est plus de douleurs. C’est une roue sans fin!
Plutôt, je lui ai dit d’amener son chum à notre prochaine rencontre. Il va voir à quel point elle est blessée. Je vais même me faire un plaisir de lui enseigner comment être un physiothérapeute du périnée à domicile. Il va devenir actif dans la réadaptation. Il aura un objectif réel et une compréhension de la situation. Ils seront deux à travailler pour que son confort et sa libido reviennent. Et oui, des douleurs, ça se traite. Et même très bien en plus de ça.
Article rédigé par Mélanie Claveau, physiothérapeute
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