Je n’en peux plus de la pandémie
Avant que je ne me lance, mettons deux ou trois choses au clair. Premièrement, je comprends la raison d’être des règles de distanciation sociale et des mesures sanitaires et je les respecte. Deuxièmement, des milliers de personnes ont plus de raisons que moi d’être à bout. Certains ont perdu leur emploi, des gens ont malheureusement dû dire au revoir à un membre de leur famille en raison du virus, plusieurs doivent vivre avec des problématiques de santé mentale de plus en plus criantes et d’autres vivent des situations familiales vraiment difficiles. Loin de moi l’idée de diminuer toutes les conséquences que cette pandémie a fait vivre à certaines familles. Mais malgré tout cela, je vous avoue que je n’en peux plus de cette pandémie mondiale.
Je suis à bout! Je me sens comme un enfant de deux ans qui fait une crise de bacon à l’épicerie pour avoir du chocolat à la caisse. Je me doute bien que ma crisette ne changera absolument rien, mais je m’exprime et je crie haut et fort mon mécontentement.
Je veux que tout revienne comme avant. Je veux aller faire l’épicerie sans avoir l’impression d’être dans un salon funéraire. Plus personne ne se parle, plus personne ne se regarde et plus personne ne se sourit. Tout le monde se dépêche de mettre dans son panier tout ce dont il aura besoin pendant la semaine et de partir au plus vite.
Je veux inviter des gens chez moi sans avoir à me questionner si le bébé de ma sœur compte dans le maximum de dix convives. Je veux inviter qui je veux et seulement m’inquiéter d’avoir assez de maïs pour tout le monde. Je veux serrer mes invités dans mes bras quand ils arrivent et quand ils partent parce que je les aime et que c’est normal de se serrer dans nos bras.
Je veux une année scolaire où les élèves peuvent se mettre en équipe avec qui ils veulent et où je peux changer la configuration des bureaux toutes les semaines si le cœur m’en dit. Je veux cuisiner avec mes élèves et offrir une collation aux autres classes de l’école. Je veux voir mes grandes de sixième année se partager leurs secrets à 10 centimètres les unes des autres sans avoir à jouer la police de la distanciation sociale.
Je veux retrouver la spontanéité des activités de vacances et de fin de semaine. Ne pas avoir à réserver des semaines à l’avance pour me faire masser ou pour aller à l’aquarium. Je veux regarder les feux d’artifice du festival de ma ville et sentir l’ambiance de fou des spectacles en plein air.
Je veux que mes allergies saisonnières me fassent éternuer et que personne ne me regarde comme une criminelle. Je veux que le nez qui coule de mes enfants ne me fasse pas angoisser tant et aussi longtemps que la couleur du mucus est normale.
Je veux que les bilans arrêtent. Je n’en peux plus du compteur qui monte, des cas qui s’accumulent et de la crainte de la maudite deuxième vague.
Je veux arrêter de me sentir mal d’être à bout. Je veux que la culpabilité me lâche un peu. Je n’en peux plus d’être à bout. Je m’énerve avec mes états d’âme de préadolescente en ces temps de pandémie mondiale. Quand on se compare on se console qu’ils disent. Mais je n’ai pas le goût de me comparer. J’ai le goût de vivre ma crise de bacon parce qu’elle fait du bien. Parce que partout on dit que ce ne sera plus jamais comme avant et que ça, je ne suis pas encore prête à l’accepter. Je veux des câlins sans stress, des rassemblements sans interdit, des enfants qui jouent sans se soucier du satané virus, je veux la vie d’avant.
Voilà, c’est dit! Juste de l’écrire fait du bien. Je vais retourner à la réalité maintenant. Je vais laver nos masques, faire le plein de désinfectant et prendre mon mal en patience. Que je le veuille ou non, ça ne sera plus jamais comme avant.
Texte par Janie Larivière Blogueuse – Team J
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