Quand le doute s’installe
On dit souvent que travailler pour vivre n’est pas une option viable. On doit aimer son emploi, son métier, car une carrière c’est long. On dit que se lever le matin est beaucoup plus facile quand on aime ce que l’on fait. Mais que fait-on quand le doute s’installe? Quand après des années de bonheur au travail, celui-ci devient lourd à porter. Quand la charge de travail s’alourdit, se complexifie et que tout à coup tu n’es plus certaine de vouloir faire cela pour toute ta vie. Quand une grande partie de ta vie est définie par ton métier, que tu ne t’imagines aucunement pouvoir faire autre chose pour gagner ta vie, mais que la fatigue et l’usure commencent à prendre le dessus sur le plaisir.
Cette pandémie nous aura tous secoués. Elle aura fait douter bien des gens dans bien des domaines. Dans mon cas, elle aura contribué à me faire douter de mon goût d’être enseignante. J’adore mon métier, ne vous méprenez pas. Enseigner est une des choses que je préfère dans la vie. J’ai aimé mon métier dès le premier jour et de façon continue depuis 12 ans. 180 jours par année, j’ai devant moi une vingtaine de petits humains qui apprennent, qui se définissent en tant que personnes et qui évoluent, un petit pas à la fois. Je les accompagne dans tous ces changements et j’ai le privilège de les aider à ouvrir leurs ailes et à s’envoler vers le secondaire. Vous dire à quel point je me considère privilégiée de faire ce travail. J’ai la chance d’enseigner dans une école merveilleuse, avec des collègues en or. Elles sont tellement géniales qu’elles sont devenues des amies en dehors du travail. Elles sont des personnes précieuses et très importantes dans ma vie personnelle autant que dans ma vie professionnelle.
Bien entendu, l’enseignement ce n’est pas un long fleuve tranquille. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de vivre des moments difficiles. Que ce soit des élèves avec qui ça a moins cliqué, un trop grand roulement de personnel, des épreuves dans ma vie personnelle qui ont eu un impact sur ma vie professionnelle, j’ai définitivement eu mon lot de défis. Mais je n’avais jamais traversé de tempête qui m’avait fait douter de mon envie de poursuivre en enseignement.
Cette année, ce sont des dizaines de facteurs qui, mis tous ensemble, m’ont fait douter. La pandémie a son rôle à jouer là-dedans, mais je crois que même sans cette situation hors de l’ordinaire, j’aurais quand même douté. J’ai douté de moi, j’ai douté de mon milieu, j’ai douté du système en général, mais j’ai surtout douté de mon avenir. Chaque matin, je doutais de la journée à venir et chaque soir, je doutais du lendemain. Je doutais du long terme et de mon désir de continuer.
J’ai toujours respecté un principe dans ma vie. Si tu n’es pas heureux, change quelque chose. Si tu ne changes rien, rien ne changera. J’ai réalisé cette année que c’était très facile à dire, mais plutôt difficile à faire. Mais j’ai quand même trouvé le moyen de changer certaines choses. J’ai aussi accepté de demander de l’aide. L’année à venir sera différente. J’aurai de nouveaux élèves devant moi et une partie de l’équipe de travail aura changé. Moi aussi j’aurai changé. Car le doute ne quitte pas aussi vite qu’il est arrivé. Il nous change à l’intérieur et nous amène à modifier notre regard et notre perspective. J’espère que l’année à venir sera ordinaire. Juste du bon vieux ordinaire. Pas de flafla, pas de feux d’artifice. Juste de l’ordinaire question que l’on puisse apprivoiser à nouveau notre travail et voir si, avec le temps, le doute nous quittera.
Article par Janie Larivière Blogueuse famille – Team J
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