Être maman et travailler : un défi au quotidien

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Pourquoi, en tant que maman qui travaille, nous sentons-nous souvent imposteures quand vient la réussite?

Les mamans qui travaillent sont maintenant rendues très nombreuses; ce n’est plus du tout un phénomène rare. Avec le travail vient parfois l’ambition et la réussite professionnelle. Pourtant, les femmes se sentent souvent imposteures dans le rôle de la travailleuse qui performe.

Selon moi, une des raisons réside dans les commentaires et dans la perception des autres. Une mère qui prend un congé de maternité est souvent perçue comme une lâcheuse de l’équipe, comme étant déloyale envers son employeur. À l’opposé, une femme qui ne prend pas de congé de maternité suite à une grossesse est alors perçue comme une mauvaise mère, qui fait passer sa carrière avant sa famille. Comment alors ne pas se sentir coincée à travers tout cela? J’ai même entendu une de mes anciennes collègues de travail dire à une femme qui revenait tout juste de congé de maternité; j’espère que tu ne prendras pas de vacances cette année, tu as déjà eu toute une année de vacances! C’est un bon exemple d’incompréhension totale des lois québécoises, et aussi de la réalité de cette nouvelle maman. J’oserais même dire : de quoi se mêle-t-elle pour juger ainsi? Avec le temps, j’ai compris qu’elle se sentait lésée de ne pas avoir droit à un long « congé » payé par le gouvernement, car elle n’avait jamais eu d’enfant. Elle reportait donc sa frustration sur cette nouvelle maman qui travaillait dans son équipe. Peut-être aussi son employeur avait-il mal géré cette absence, et avait-elle eu un surplus de travail durant cette année-là. Les employeurs ont, eux aussi, une part de responsabilité ; ils se doivent de réorganiser efficacement le travail pour pallier à ces absences et engager un remplaçant le plus rapidement possible.

Je me suis déjà fait dire, par une connaissance, que son choix de carrière était beaucoup mieux que moi ; depuis la naissance de son deuxième, elle avait ouvert une garderie. Elle pouvait ainsi passer ses journées complètes avec ses cocos, tout en apportant un revenu à sa famille. Pour ma part, je travaille à l’extérieur de la maison (donc mes enfants vont à la garderie). Je ne passe pas mes journées avec eux, mais j’apporte un salaire plus important à ma famille, et je fais un métier qui me passionne. Je suis en effet directrice service-conseil et associée dans une agence de publicité, Coutu communication. Est-ce moins bien qu’elle? Non, pas du tout. Est-ce mieux qu’elle? Non, certainement pas. C’est seulement différent. Un choix différent, fait par une femme différente, pour une famille différente. Je ne serais pas heureuse en vivant sa vie, et elle ne serait sûrement pas heureuse en vivant la mienne. Pourquoi alors se comparer?

Les papas ont, à ma connaissance, très peu, voire jamais ce genre de commentaires. La stigmatisation, ou le jugement, est très amoindrie par le fait que le congé parental est souvent utilisé par la maman plutôt que par le papa. De plus, la réussite professionnelle est, socialement, beaucoup plus encouragée du côté masculin que du côté féminin.

Mon meilleur conseil est de prendre les décisions pour vous et votre famille vous-même. Vous seule (et votre conjoint) savez ce qui vous convient le mieux. Ne vous laissez pas atteindre par les commentaires et les avis des autres. Ils ne sont pas vous! Tant que vous agirez en fonction de vos valeurs et de vos principes, vous serez en mesure d’assumer vos décisions et de faire face à la critique la tête haute.

Ensuite, il est important d’assumer ses décisions et d’être appuyé par votre conjoint (si vous en avez un), et par votre entourage proche. Si vous semblez hésitante envers ces dernières, il y a de fortes chances que votre entourage le sente aussi. Vos collègues pourraient profiter de cette hésitation pour tenter de vous faire changer d’idée ou pour ambitionner dans leurs demandes. Dans le même ordre d’idées, si vous avez un conjoint, il est primordial qu’il vous appuie à travers tout cela et qu’il vous supporte dans vos actions. N’hésitez pas à discuter avec lui de vos choix et à lui demander son avis. Après tout, votre emploi du temps l’impactera aussi.

Apprenez à dire non. Vous ne pouvez pas tout faire! Vous devrez choisir parmi les invitations, les demandes d’implication, les projets, etc. En plus, vous devrez vous garder du temps pour vous, que ce soit pour lire, faire du sport ou de l’art, bref pour faire un loisir qui vous convient. La clé? L’organisation. Un bon agenda, bien utilisé, qui vous permettra de ne rien oublier est un must. L’idéal est même d’avoir un agenda professionnel qui se lie automatiquement (numériquement) à votre agenda personnel. Si c’est possible, vous pouvez même le lier à celui de votre conjoint. Finies les sorties scolaires oubliées!

Ce ne sera pas facile, j’en conviens, mais je suis persuadée que vous pouvez être heureuse professionnellement et personnellement en même temps.

Et vous, trouvez-vous difficile de travailler tout en ayant des enfants? Avez-vous déjà eu des commentaires désobligeants?

Article rédigé par Émilie Poirier




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