Autiste ? Oui pis ?

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Image : Carolyne Soulard

C’est le mois de l’autisme qui débute (avril) et je ne peux m’empêcher de revenir sur ce sujet qui me tient particulièrement à cœur. Pour ceux et celles qui ne le savent peut-être pas, j’ai un grand adolescent de presque 17 ans ayant un trouble du spectre de l’autisme. Je l’ai souvent dit : savoir ce qu’il avait, mettre des mots sur ses maux faisait en sorte que je pouvais mieux le comprendre. À l’aube de son départ pour la vie « cégepienne », je tenais à mettre quelques faits au clair. 

Trop souvent, j’entends dire que les enfants ayant un TSA ont beaucoup de difficultés à socialiser. Il faut faire attention pour ne pas tous les mettre dans le même bateau. Oui, pour certains, les relations sociales sont ardues. En fait, c’est de prendre l’initiative qui n’est pas si simple que ça. Toutefois, rien n’empêche un enfant autiste d’avoir des amis et d’avoir une vie sociale à l’extérieure de la maison. Tout comme j’entends souvent des phrases du genre : il va faire comment au Cégep ? Est-ce qu’il pourra aller à l’université ? Est-ce qu’il s’entendra bien avec ses collègues de travail ? Oui, sur toute la ligne. C’est le but de mon texte. Je veux vous prouver, par des exemples concrets, que nos enfants peuvent s’épanouir tout en ayant un diagnostic d’un trouble du spectre de l’autisme ou tout autre diagnostic.

Mon grand est vraiment impliqué dans son école secondaire. Et ce qui me surprend toujours, c’est que cette implication se fait notamment auprès de jeunes de son âge. Il n’a pas le choix de socialiser avec ses pairs, mais aussi avec les adultes de son école. Membre du conseil d’administration du Magasin du Monde, il a à gérer les horaires des élèves et à en faire les suivis. Il a participé à de nombreuses formations en lien avec cette passion qu’est le commerce équitable et j’ai vu comment il tenait cette responsabilité à cœur. Même chose dans le Fab Lab de son école. Toujours prêt à aider, il est le premier à proposer son nom pour soutenir les autres élèves ayant besoin d’aide ou de conseils. Je ne compte plus les heures où je l’ai vu préparer des PowerPoint et des procéduriers, et ce, dans le but d’aider ses collègues de classe. Il a gagné de nombreux prix et bourses et chaque fois, mon cœur de mère était rempli de fierté et de joie à l’idée que les autres ne savaient pas à quel point il avait évolué depuis l’annonce du diagnostic. 

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Photos : Carolyne Soulard

Photos : Carolyne Soulard

Dans quelques mois, il commencera une nouvelle étape dans sa vie : la rentrée au Cégep. Je ne ferai pas l’autruche en vous disant que je saute de joie à l’idée de le voir partir très loin de la maison, mais je me dis qu’il est maintenant temps de passer à l’étape suivante. Tranquillement, je me fais à l’idée qu’il volera de ses propres ailes et que ce moment risque d’arriver plus vite que prévu. Sera-t-il capable de rester seul sans supervision ? Certainement. Aura-t-il de nouveaux amis dignes de confiance ? Assurément. J’ai appris au cours des derniers mois que je devais lui faire davantage confiance. J’ai eu mon coup de vieux lorsqu’il a eu son premier vrai emploi rémunéré cet hiver. Il a travaillé dans un parc nature de la ville de Montréal et il était le plus jeune de la place. Et comble de l’histoire ; il travaillait avec le public toute la journée. Comme quoi autisme et public peuvent aller de pair. Je suis allée le chercher à quelques reprises et j’ai vu son sourire et ses yeux pétillants de fierté. Fier d’avoir une belle « job » d’étudiant et surtout, fier de faire parti d’une belle gang d’employés. Mon cœur de mère était soulagé de voir qu’il était accepté tel quel. Il était LUI, tout simplement.

Mon fils n’a pas d’handicap visible et beaucoup ne se rendront pas compte de ses « particularités » et c’est bien correct ainsi. Mon but n’est pas de lui mettre une étiquette TSA dans le front. Au contraire, je veux mettre en mots ce que bien des parents d’enfants différents pensent tout bas : un diagnostic ne devrait jamais mettre des bâtons dans les roues de nos enfants. Nous voulons qu’ils se développent normalement en dépit des « petits extras », tout comme nous voulons qu’ils aient confiance en eux et qu’ils aient une meilleure estime de soi. La vie ne sera jamais rose de toute façon que l’on soit neurotypique ou atypique. C’est pourquoi je continue d’encourager mon grand à trouver et à faire SA place dans la société.

Autiste ? Ouais pis ?

Article rédigé par Carolyne Soulard

@SoulardCarolyne

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