Bruits de néonatalogie
Sarah, maman de jumeaux, nous offre un témoignage sur le blogue Je suis une maman suite à la naissance de ces jumeaux qui sont en néonatalogie.
Je suis couchée sur la civière et je regarde en l’air. Que c’est bizarre d’avancer si vite de cette manière.
Je suis étourdie et à chaque contraction, j’ai de plus en plus mal, mais peu importe, je veux seulement arriver à temps à l’hôpital.
J’espère que les bébés sont ok.
Je suis dilatée à 3 centimètres et les deux se présentent par les pieds…
***
Ch, ch, ch, je me traîne les pieds par terre, j’ai mal, c’est l’enfer.
Ma mission : livrer mes deux minuscules seringues de colostrum qui m’ont pris plus d’une heure à tirer! Il faut dire que ma montée de lait n’était pas près d’arriver, il a fallu la stimuler, la provoquer.
Heureusement, mes seins ont rapidement compris le message à force de se faire tâter, pincer et tirer…
Alors, même si je ne peux pas entrer au département, ce n’est pas une petite césarienne qui m’empêchera de remettre mon lait à mes enfants.
Après tout, c’est la seule chose qui me lie à eux pour le moment. Ils sont dans leur maison de plastique, surveillés par des infirmières. Quand je pense que d’autres les ont vus et touchés avant moi…
C’est un calvaire! Mais que puis-je y faire?
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Snif, snif, je pleure sans retenue. Pourquoi j’ai accouché si tôt? Qu’ai-je fait pour ne pas arriver à les garder au chaud.
J’aurais dû arrêter de travailler plus tôt, il aurait fallu annuler notre dernier voyage en amoureux auquel je tenais tant.
Peut-être que si je n’avais pas marché autant…?
Je m’en veux tellement!
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Dans le corridor, aucun bruit. C’est déjà ma troisième visite de la nuit. Les bébés sont là, immobiles, tranquilles. J’en déduis donc que leur gavage vient de finir.
Je les regarde dans leur incubateur, mes pensées m’amènent ailleurs. Dire qu’ils seront qualifiés de grands prématurés toute leur vie.
Quelles en seront les conséquences d’être qualifiés de grands prématurés ?
Les médecins nous ont avertis que le pire est derrière nous, mais que chaque nouvelle semaine gagnée apporte son lot de nouveaux dangers.
Mes amours vont-ils sortir de cet hôpital indemnes ou auront-ils des séquelles?
Plus tard auront-ils des problèmes?
Je secoue ma tête comme pour effacer toutes ces pensées négatives. Impossible d’avoir vécu l’infertilité, une grossesse à risque et un accouchement prématuré pour en finir.
Mes petits miracles vont vivre!
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Je sanglote doucement, je ne veux pas les déranger. Ils sont les deux posés sur moi pour la première fois.
Je croyais me sentir vide depuis des jours, mais je réalise maintenant que je l’étais depuis longtemps. Je suis enfin bien et complète maintenant. Même s’ils ne pèsent que 3 livres je sens si bien leur petit corps contre le mien…
Je sais que ce moment sera pour toujours le plus beau de ma vie, rien de moins!
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Je retiens mon souffle. Je suis devant l’incubateur de Léonard, mais il est vide. Je suis comme paralysée, je n’arrive plus à penser.
Où est-il?
Qu’est-il arrivé?
Paniquée, je regarde partout autour de moi, puis je l’aperçois dans l’incubateur d’Ophélie. Ils sont enfin les deux réunis! Ils sont agités, se poussent et font des simagrées. Je respire, je suis soulagée.
Je les observe se tortiller.
Dire qu’il y a deux semaines, ils étaient les deux dans ma bedaine.
Comment ont-ils fait pour être si collés durant 30 semaines!?
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Dring dring dring. J’appelle encore à l’hôpital.
Je m’étais juré que je n’allais pas rappeler, mais je tire mon lait et je ne pense qu’aux bébés.
Allô, c’est encore la maman de jumeaux. Je m’excuse… Bin non, c’est correct.
Ça va, Léonard a pris du poids. Ophélie par contre a perdu 10 grammes, il va falloir augmenter son gavage. Elle nous inquiète la coquinette…
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Pluc, pluc, les dernières gouttes de la machine à café. Je ne savais pas que les machines à café des hôpitaux faisaient d’aussi bons cappuccinos! Les jours passent si vite, je n’ai pas une seconde pour relaxer.
Les boires, les soins, le tirage de lait, le peau à peau… J’ai à peine le temps de manger et de m’hydrater. Je vois déjà que c’est du sport deux bébés!
Mais quand je me fais couler un café, j’ai enfin quelques secondes pour souffler!
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Aille, j’ai mal. Je suis couchée dans ce fauteuil inconfortable depuis plus de deux heures. Les deux bébés sont allongés sur moi.
Je suis si heureuse quand je les ai en tandem, mais j’ai mal au dos, j’ai soif et je suis fatiguée tout de même.
Après plus d’un mois en néonat, je suis convaincue que rester immobile des heures de temps est plus difficile que s’entrainer.
J’essaie de faire des signes aux infirmières, mais elles semblent débordées.
Le moniteur indique que les bébés sont ok. Mais la maman, va-t-elle craquer !?
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Tout est beau à l’écho pour Ophélie, dit le médecin. Pas de saignement au cerveau, je suis soulagée. Du moins à moitié, il reste Léonard à examiner.
Je réalise déjà que c’est ça avoir des jumeaux : deux fois plus de chance que ça tourne mal, deux fois plus d’inquiétude…
C’est confirmé, les deux vont bien. Je peux enfin respirer, du moins jusqu’à la prochaine fois qu’ils seront examinés.
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Ding ding, l’ascenseur arrive enfin. C’est un vrai supplice tout ce chemin. Loin d’eux, je ne suis pas bien. Je pourrais rester dormir à l’hôpital et bien que mon cœur le veuille, ma tête sait que ce serait une erreur.
Ma production de lait diminue rapidement parce que je suis trop fatiguée. Il faut dire que quand je dors à l’hôpital, je passe mes nuits à faire des aller-retour pour voir mes amours. Alors on a pris la décision que j’irais dormir à la maison.
Enfin la porte s’ouvre et j’entrevois le département, quel soulagement.
***
Vous sortirez bientôt me dit l’infirmière d’une voix douce et pleine de compassion.
Aujourd’hui nous étions au 5e jour de 7. Plus que deux et nous retournions tous à la maison après presque deux mois d’hospitalisation.
Mais Ophélie a fait une petite folie. Elle a arrêté de respirer un peu trop longtemps et l’infirmière n’a eu d’autre choix que de la stimuler. Autant je suis fâchée que notre sortie soit retardée, autant je suis terrorisée à l’idée qu’elle aurait pu arrêter de respirer chez nous.
L’aurions-nous remarqué sans son moniteur? Quand j’y pense j’ai si peur…
***
Do, ré, mi, mi, mi. Je suis tirée de mes pensées par une cacophonie. C’est Léonard et Ophélie qui piétinent leur piano géant.
Ils ont tellement de plaisir avec leur nouveau jouet reçu pour leurs deux ans.
Vingt-quatre mois déjà pour mes précieux.
Non mais, la chance que j’ai de les avoir auprès de moi tous les deux!
Article et photos par Sarah Durand Blogueuse famille – Team J
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