Chère 2021

Chère 2021,

D’ici quelques jours tu prendras fin et je ne peux passer à côté de cette belle opportunité de te dire au revoir. Tu m’as déçue 2021. J’avais tellement foi en toi 2021. Je te voyais arriver comme une sauveuse, comme une délivrance de cette année 2020 qui nous avait tant ébranlés.  À quel point j’étais naïve!

C’est d’ailleurs une des choses que tu as le plus amochées sur ton passage cette année, ma naïveté. J’ai réellement cru qu’on allait s’en tirer, qu’on allait voir la foutue lumière au bout du tunnel. Mais chaque fois, j’étais déçue. Oui, on a pu voir les gens qu’on aime un peu, mais toujours à tes conditions, jamais exactement comme on aurait voulu. Les masques font encore partie de notre quotidien. Les petits écoliers du Québec doivent encore le porter chaque jour, chaque minute. Les points de presse sont de retour et nous stressent comme aux premiers jours.

Tu as joué au yoyo 2021! Tu as joué au yoyo avec notre patience, avec notre tolérance et avec nos espoirs. Tu as été moins dans les extrêmes que 2020, je l’avoue, mais tu nous auras eus à l’usure. Encore cette année, notre adaptabilité a été mise à rude épreuve. Je réalise avec le temps que c’est ce qui est le plus difficile. Toujours devoir se réajuster, toujours devoir revoir nos façons de faire, toujours devoir réorganiser ce qui avait déjà été organisé, mais qui ne convient plus à la nouvelle réalité.

Bien sûr, tu nous as fait vivre de beaux moments. Nous sommes retournés au cinéma, nous avons même enlevé nos masques et mangé du popcorn par moments. Nous avons pu reprendre le sport et aller voir nos petits joueurs de hockey et nos petites joueuses de baseball pratiquer leur loisir préféré. Nous avons pu souper avec les gens que nous aimions, sans masque, sans distanciation.

Mais tu nous as aussi séparés comme jamais. Chaque personne ayant ses propres croyances, ses propres limites, c’était à prévoir. Tu as divisé les gens. Dans plusieurs familles, dans plusieurs groupes d’amis, les opinions opposées, nuancées ou non, ont créé des froids, des silences lourds ou des affrontements. C’est difficile de ne pas s’emporter quand on discute d’un sujet aussi polarisant. Personne n’est indifférent face à la situation que nous vivons.  

Et tu termines en force! Tu t’assures de partir quand on s’apprête à toucher le fond. Encore! Je te trouve lâche 2021 de nous laisser dans ce merdier et de te pousser. Parce qu’on va se le dire, 2022 arrive et elle est loin d'avoir les compteurs à zéro. L’avantage, c’est que nous n’avons plus d’attente. Quand on n’a pas d’attente, on ne peut pas être déçu… C’est triste quand même d’en être rendu à penser comme ça!

J’avais peur qu’on oublie ce que 2020 nous avait enseigné. J’avais peur qu’on reprenne le rythme effréné et qu’on s’éloigne de cette douce lenteur que 2020 nous avait forcés à apprécier. Ce n’est pas près d’arriver. 

Tu pars 2021 et je ne suis pas déçue de te laisser aller. J’ai vu de la résilience dans les yeux de beaucoup de gens cette année. J’ai vu cette volonté de continuer de se battre, de faire ce qu’il faut pour s’en sortir. Mais j’ai surtout vu de la fatigue. La fatigue de l’âme face à un adversaire qui semble se régénérer lors des accalmies et revenir en force aussitôt que nous commençons à reprendre le dessus. J’ai vu des gens usés par la situation, des gens désabusés des beaux discours. J’ai vu trop de personnes baisser les bras et abdiquer.

2022, à ton tour maintenant. Montre-nous que nous pouvons y croire encore. Montre-nous que tout n’est pas perdu et que la vie « normale », la vie « d’avant » peut revenir. Prouve-nous que ce satané tourbillon sans fin de resserrement de mesures, de gens hospitalisés et de dépistage peut s’arrêter.   Je t’en supplie 2022! Redonne-nous espoir!

Texte par Janie Larivière

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