Devenir maman loin de chez soi
Je serai honnête, je ne suis jamais allée sur le site Je suis une maman avant d'écrire ce texte, et ce, pour une raison bien simple : je ne suis pas une maman, encore.
Je m'appelle Justine, je suis à 31 semaines de grossesse, et j'habite loin, très loin. En 2015, j'ai quitté le Québec pour suivre mon chum, qui allait devenir mon mari, au Royaume-Uni dans le cadre de ses études. En 2019, son travail de chercheur universitaire nous a transportés en Suisse, où nous devrions habiter pour trois ans. Et après? Mystère et boule de gomme! Son travail nous amènera probablement à déménager beaucoup dans les prochaines années.
Pour plusieurs, j'ai une vie de rêve : je voyage partout, je découvre le monde et ses cultures, je fais des rencontres, je sors de la routine. C'est vrai. Mais, depuis 2015, j'ai vécu beaucoup de chamboulements, de deuils, d'inquiétude et de défis. Cependant, le plus gros défi est probablement à venir, celui de devenir maman dans un autre pays, une autre culture, loin de ma famille et de mes amis.
''Ah mais la Suisse, c'est pas si différent du Québec!''
Oh que oui c'est différent! La Suisse c'est très, très…. traditionnel. Par exemple, le congé de maternité en Suisse? Trois mois. Vous avez bien lu, trois mois. Et le congé de paternité lui? En ce moment, c'est une journée. Heureusement, il y a quelques semaines, les Suisses ont voté pour que celui-ci soit augmenté à deux semaines, ça sera effectif dès janvier 2021. J'ai la chance que mon employeur offre un congé de maternité de quatre mois, et à cela je rajouterai un deux mois de congé non payé. Par la suite, je retournerai travailler à temps partiel. Je suis chanceuse, nous pouvons nous le permettre sans difficulté, ce qui n'est pas le cas de plusieurs femmes et familles. Et je ne vous dis pas le prix de la garderie, vous tomberiez en bas de votre chaise (indice : c'est dans les trois chiffres, par jour).
''Tu vas juste prendre six mois de congé de maternité?!''
Jamais je n'aurais pensé prendre un congé de maternité aussi court. Au Québec, j'aurais pris une année sans hésitation. La raison pour laquelle je ne prends que six mois? Non, ce n'est pas pour des raisons financières. Ici, mes amis sont mes collègues de travail. Outre mon mari que j'adore, la seule façon pour moi d'avoir une vie sociale, c'est d'aller travailler. J'aime mon travail, une chance! Je vais adorer encore plus mon bébé, c'est certain. Mais pour mon bien-être personnel et la préservation de ma santé mentale, je ne crois pas que je pourrais être une année complète sans travailler, sans discuter avec des adultes, sans voir d'autres personnes que mon enfant et mon mari. Bien sûr, il y a des groupes de mamans auxquels je vais certainement participer, mais ce n'est que quelques heures par semaine. Et en ce moment, avec la Covid... Ça peut sembler terrible pour certaines, mais devenir maman chez soi, au Québec, près des gens qu'on aime, et devenir maman de l'autre côté de l'Atlantique où on ne connaît pratiquement personne, ça change sa vision ''parfaite'' de la maternité. Du moins, ça a changé la mienne!
Et si ça n'allait pas bien...
En fait, la maternité, ça me fait même un peu peur. J'ai peur de faire une dépression post-partum et que ma maman ne soit pas là pour venir s'occuper de mon petit bébé pendant que je fais une sieste bien méritée. J'ai peur de ne plus être en mesure de gérer les pleurs et de ne pas pouvoir aller le porter chez la première personne de mon entourage qui répond au téléphone afin que je puisse aller me reposer l'esprit et les oreilles. J'ai peur de ne pas me sentir à la hauteur et que mes amies maman ne puissent pas venir me voir et me dire que je fais ça comme une championne.
Et rien pour aider, la Covid, encore. Je peux oublier la visite de mes parents et de mes beaux-parents dans les semaines qui suivent l'accouchement. Je ne sais même pas si nous, nous pourrons aller au Québec, ni quand. Mais surtout, en cas d'urgence, en moins de 24 h mes parents seraient normalement arrivés chez moi. Maintenant, je ne sais même pas s'ils pourraient entrer en Suisse, car, pour l'instant, les Canadiens ne peuvent ni entrer dans l'Union européenne ni dans l'Espace Schengen. Ça serait au bon vouloir des douaniers de juger si leur visite est une nécessité ou pas.
Ce qui me rassure, c’est la présence de mon mari. Bien sûr, il aura deux semaines de congé. C'est peu, mais c'est mieux qu'une journée! Il pourra aussi prendre des semaines de vacances. Mais en plus, à cause de cette chose qu'est la Covid, il travaille de la maison depuis mars, et ça ne risque pas de changer de sitôt. Il sera donc là, tout à côté de moi, prêt à s'occuper de son bébé si je dois dormir, aller marcher seule ou encore prendre un bain relaxant avec des chandelles. Un peu de positif dans cette pandémie!
Malgré tout, j'ai très hâte que notre petit monstre arrive. Ça fait longtemps que je l'attends et je l'aime déjà plus que tout. J'imagine que chaque nouvelle maman est un peu craintive à l'arrivée d'un nouveau petit humain. En étant loin, j'ai l'impression que cette inquiétude est pour moi un peu plus grande. Mais bon, tout ça fait partie de moi maintenant. Même si ce n'était pas comme cela que je prévoyais ma grossesse et ma maternité, je ne changerais rien, je focusse sur la petite boule de bonheur qui s'en vient. Chaque histoire est unique et merveilleuse à sa façon, la mienne aussi.
Texte et photo par Justine Aspireault Massé
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