Mon deuil va commencer bientôt
Photo : Catherine Galarneau
J’ai allaité mes quatre enfants. Chaque fois, nous avons eu des débuts difficiles; bébé ne prend pas de poids, bébé perd du poids, douleurs, gerçures, mastite, reflux, bébé de petits poids, jaunisse, bébé qui brûle les calories sitôt ingérées et peut-être d’autres difficultés que j’ai oubliées. Chaque fois, j’ai persévéré, simplement parce que c’est ce que j’ai cru le mieux pour moi, pour nous. Honnêtement, je trouvais l’idée de gérer des biberons (les choisir, les laver, les stériliser, les remplir, les changer si ça ne fait pas, etc.) et le choix du lait bien trop exigeante!
Je ne suis pas cette maman pro-allaitement qui va juger un biberon. Je ne suis pas cette pro-allaitement qui a une véritable passion. J’ai allaité, parce que c’est comme ça. Je voulais nourrir mes bébés. À chaque sevrage, c’était comme ça, point. Pas de larme, pas de nostalgie. Ou plutôt si… quand un de mes enfants chignait un peu; je me rappelais que mon sein le calmait à coup sûr et je m’ennuyais de ça.
J’ai allaité quand même longtemps chacun de mes enfants. C’était comme ça, simplement. J’ai voulu vivre l’expérience à fond chaque fois.
Ma petite dernière approche de ses 18 mois. Je l’allaite encore une fois par jour, des fois deux. Je commence à réaliser qu’elle est proche de l’année et demie. Elle est encore si petite (ce n’est pas juste mon coeur de maman qui parle!)
Je sens que la fin est proche. Chaque fois que je la mets au sein, je me demande si c’est la dernière fois. Chaque fois, je me demande si elle reviendra pour une ultime fois ou encore, si la prochaine fois je l’accueillerai encore avec plaisir. Parce que je ne sais pas quand ça va finir. Je ne sais pas comment. Je ne sais pas si ce sera elle ou moi. À chaque enfant ça aura été pareil : on verra qui se « tannera » en premier! Pas de date de péremption, pas d’objectif précis. Juste du lait, à la demande.
Je me sens mitigée par cette fin prochaine. D’un côté, le soulagement de retrouver mon corps, seulement pour moi… ou presque. Je resterai une maman, qui a toujours un enfant dans les bras, au bout de la main ou sur les genoux, qui fait des calins, qui berce, qui n’a pas d’intimité aux toilettes. De l’autre côté, ce deuil. Le deuil de cette période de ma vie que j’avais tant attendue et espérée. Je VOULAIS des bébés. J’en ai eu quatre. Plus deux petites étoiles qui ont rejoint le ciel. J’ai mes enfants. Ils sont plein de vie et ils grandissent à une vitesse vertigineuse. Demain, je n’aurai plus de bébé. Ils sont déjà si grands! Ce deuil, ce n’est pas tant le sevrage de mon bébé que celui de toute mon aventure d’allaitement. Jusqu’à maintenant, chaque fois je me doutais qu’il y aurait une autre fois. Il y a eu une deuxième expérience, une troisième et une quatrième. Aujourd’hui, je ne pense pas. La porte n’est pas complètement fermée à un autre enfant, mais… je préfère vivre un deuil à la fois!
Allaiter aura pris une grande place dans ma vie de maman. C’était comme ça, tout simplement. À l’aube de la dernière tétée, je réalise l’ampleur de l’aventure. Je redoute ce moment autant que je l’espère. Hâte de voir quelle émotion prendra le dessus le moment venu…
Article rédigé par Catherine Galarneau
Je te donne les détails dans le texte.