Perdre son autonomie et son indépendance en une fraction de seconde

Le 23 octobre dernier, j’ai eu un accident de voiture. Heureusement, dans ma malchance, je n’ai eu qu’une fracture au poignet, un ligament déchiré dans le pouce et des contusions à mon épaule. Cela aurait pu être pire étant donné que ma voiture a été déclarée perte totale. Là où je veux en venir avec mon histoire, c’est qu’en une fraction de seconde, j’ai perdu toute mon autonomie et mon indépendance. Disons que les dégâts au niveau psychologique prennent presque autant de place que les dégâts matériels. Et ça, je ne l’avais pas du tout planifié.

Crédit : Photostock Editor

 

Main dominante

Il faut savoir que je suis droitière. Jusque-là, rien de trop important me direz-vous. Mais il faut bien avoir un accident impliquant notre main dominante pour se rendre compte que nos moindres faits et gestes dans notre journée impliquent les doigts et le pouce. Du jour au lendemain, j’ai constaté que je ne pouvais plus rien faire toute seule. Pensez à la moindre action que vous allez faire et imaginez tous les gestes que cela implique et vous constaterez que vous avez besoin de vos doigts et de votre pouce pour manipuler n’importe quoi. Depuis cette fameuse journée, je dois mettre mon orgueil de côté afin de solliciter l’aide de mon conjoint et de mes enfants pour m’aider à accomplir les gestes du quotidien. Que ce soit pour laver mes cheveux, mettre du déodorant, beurrer mes rôties, cuisiner, manger, attacher mes souliers ou même m’habiller, rien ne peut être fait sans l’aide de quelqu’un. Et ça, j’avoue que je trouve cela très difficile à encaisser pour la femme super active et indépendante que je suis. Je dois mettre en sourdine la petite voix intérieure qui me dit sans cesse que je suis un fardeau pour ma famille. J’ai tellement l’impression d’être un boulet pour mon mari et mes enfants : je ne suis pas habituée du tout à vivre aux crochets des autres. Je suis plutôt du genre à être la première à apporter mon soutien à ceux qui en ont besoin. Et maintenant, je dois apprendre à demander de l’aide sans trop ressentir de gêne ou de culpabilité. Il faut que je me rappelle souvent que c’est un accident, que seul le temps va arranger les choses et que c’est une situation temporaire.

 

Pensées pour les autres

À travers cette épreuve, je ne peux m’empêcher de penser aux personnes âgées, notamment, qui perdent peu à peu leur autonomie. J’imagine très bien comment cela peut être difficile pour eux de sentir leurs forces s’amenuiser au fil du temps. Cet accident vient remettre tout en perspective ce que l’on vit au quotidien. Je suis chanceuse ; j’ai ma famille autour de moi qui m’aide énormément. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous. J’ai également une pensée pour ceux et celles qui ont un handicap moteur. Je leur lève mon chapeau bien haut!

Je suis à même de constater qu’il n’est vraiment pas facile de vivre avec des restrictions qui impliquent les membres de notre corps. Je lève encore une fois mon chapeau bien haut à ceux et celles qui prennent soin de ces gens.

 

Constat

En écrivant ce texte, mon but n’était pas de chercher la sympathie des gens. Je voulais, au contraire, susciter la réflexion. Je pense que nous devons manifester plus d’empathie envers les gens qui perdent leur autonomie ou leur indépendance. Que ce soient des personnes âgées ou des gens qui ont un handicap physique, je pense qu’il ne faut pas hésiter à les soutenir, à les aider, mais surtout, prendre le temps de les écouter. Prendre le temps d’écouter leur sentiment de tristesse ou de colère à l’idée de perdre ou d’avoir perdu des forces qui les empêchent de bien fonctionner. Mine de rien, nous vieillissons tous et personne n’est à l’abri d’un accident ou d’une perte d’autonomie. Dans le futur, j’espère que je serai aussi bien entourée que je le suis maintenant. Je pense sincèrement que si nous sommes bien entourés, il y a plus de chances que la perte d’autonomie se fasse en douceur.

 

 

Texte par Carolyne Soulard Blogueuse famille – Team J

 

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