J’enseigne avec mon cœur et pourtant…

Pour ceux et celles qui me connaissent, vous savez à quel point j’adore enseigner. C’est un métier que j’ai choisi passionnément en retournant sur les bancs d’école à l’âge de 36 ans (voir mes textes ici et ). J’entame actuellement ma 6e année en tant qu’orthopédagogue et encore aujourd’hui, je vais travailler avec le sourire aux lèvres, les idées plein la tête et le cœur rempli de joie à l’idée de voir évoluer les enfants qui nous sont confiés. Mais comme vous le savez sans doute, la rentrée a été assombrie par le fameux virus dont je vais taire le nom parce qu’il n’a plus besoin de présentation. Ce n’est pas à lui que je veux accorder mon attention.

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Depuis quelques jours, je réfléchis à ce qui se passe autour de moi professionnellement et j’ai fait le constat que, puisque ce virus nous empoisonne la vie, on n’a pas eu le choix de se donner un mot d’ordre pour cette année scolaire particulière et ce mot est Adaptation. Un mot de 10 lettres, qui au Scrabble ne vaut pas grand-chose, mais dans la réalité, il vaut son pesant d’or… Je me suis toujours targuée d’être une personne qui s’adapte généralement assez facilement aux situations non prévues. Je suis capable de me « virer sur un dix cennes » pour faire face à quelque chose de nouveau. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai fait mon baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Même avec un trouble d’anxiété généralisée, je réussis à compenser et à aller de l’avant. Mais cette fois-ci, la réalité me rattrape tranquillement… J’ai souvent la sensation de ne pas en faire assez (je vois maximum 3 élèves à la fois au lieu de 4-6 dans un autre temps…) et de laisser tomber certains élèves qui auraient besoin davantage de mon soutien. Je suis certaine que je ne suis pas la seule à ressentir ces émotions : je dirais même que bien des enseignants et enseignantes vivent difficilement cette grande période de changements…

Malheureusement, avec toutes les adaptations et tous les compromis que nous devons faire, je trouve que l’on perd toute spontanéité d’enseigner. On est en train de dénaturer le métier d’enseignant. Je vous donne quelques exemples : on doit penser au concept de bulle-classe, on doit toujours s’assurer de garder une bonne distance avec les élèves et nos collègues, on doit également penser au matériel à mettre quelques jours en quarantaine, on doit planifier nos déplacements pour éviter de croiser des groupes-classes et par-dessus tout, on doit enseigner tous les jours, dans la majorité des cas, avec un masque de procédure et peut-être même avec une visière. Personnellement, je trouve extrêmement difficile de ne plus toucher un élève pour le rassurer, de ne plus recevoir de câlins d’un petit qui est content de me voir, de ne pas laisser les élèves manipuler les objets (je dois désinfecter après chaque changement de groupe), de ne plus faire de « high five » avec la main ou encore, de ne pas pouvoir consoler cet élève qui a le cœur gros. Et comble de malheur, pour la passionnée de littérature jeunesse que je suis, la bibliothèque scolaire est non accessible aux élèves. Ça me désole et m’attriste énormément.

Je sais que ce que nous vivons actuellement n’est que temporaire (je le souhaite ardemment !) et j’avoue que ce n’est pas tous les jours facile, mais en attendant, on doit se retrousser les manches et continuer de faire notre possible contre l’adversité. Ce métier, que j’aime par-dessus tout, me laisse croire que le bien-être de nos protégés est au cœur de nos préoccupations. Voir le sourire des enfants heureux de venir à l’école le matin me laisse penser que ces adaptations auront eu le mérite de mettre un baume dans le cœur de ceux-ci. Oui, nous vivons un événement hors du commun, mais avoir le plaisir de socialiser avec les autres, ça n’a pas de prix.

À tout le personnel de l’éducation (enseignants, TES, membres de la direction, psychologues, orthophonistes, psychoéducateurs, orthopédagogues, secrétaires, concierges, équipe du  service de garde et tous les autres que j’oublie peut-être), continuons notre bon travail. Il est encore possible, malgré tout, d’allumer des étincelles dans le regard de nos élèves, qu’ils soient petits ou grands.

Article par Carolyne Soulard Maman Blogueuse – Team J

 

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