Attention à la continence précoce
Aujourd’hui, une de mes patientes me faisait part de son malaise lorsqu’elle a appris qu’à son milieu de garde, les éducatrices mettaient en ligne les 18-24 mois pour qu’ils aillent à tour de rôle sur le petit pot. Et ce, même s’ils n’ont pas parlé de leur envie. Ma patiente me mentionnait aussi qu’une des éducatrices ne se pliait pas à ces pratiques, et que ses collègues le jugeaient énormément.
Ouf.
J’ai eu le coeur gros.
Je peux comprendre la hâte d’en finir avec les couches. Mais à quel prix?
Alors voilà, aujourd’hui plus que jamais, je ressens le besoin de vous informer en tant que maman, mais surtout en tant que professionnelle. J’aimerais qu’à la fin de cet article, vous soyez conscientes des risques de mettre les enfants propres trop jeunes.
Saviez-vous que plusieurs mécanismes doivent se réguler afin de permettre la continence? Entre autres, le système neurologique, les hormones et les sphincters.
Un enfant va développer sa continence d’abord et avant tout de façon neurologique. Un peu comme il a appris à marcher, les connexions se feront d’abord dans son cerveau et le long de sa moelle épinière pour se rendre enfin aux sphincters et leur permettre de développer leur compétence.
Une fois les chemins neurologiques créés, l’enfant pourra prendre conscience de la quantité d’urine présente dans sa vessie. Quand il sentira suffisamment d’urine, il prendra la décision d’aller à la toilette. Au début, ses muscles ne seront pas assez forts, mais il va les entraîner jusqu’à réussir.
Quand on dit à un enfant d’aller faire pipi, on empêche sa vessie de se remplir autant qu’elle en est capable. Elle contiendra beaucoup moins de liquide que son ami encore en couche. Et une petite vessie, ça fait quoi à long terme? Ça fait qu’on ne se retient pas longtemps et on va souvent à la toilette... et quand l’envie se fait sentir, elle est déjà urgente.
Un enfant, ça veut faire plaisir à son parent.
Se faire récompenser.
Se faire ovationner.
Alors le petit cherchera à se retenir, sans trop de coordination.
Il aura contracté à outrance ses muscles pelviens pour réussir, ce qui créera des tensions pelviennes. Des muscles tendus sont fatigués d’être constamment contractés. Ils auront tendance à être faibles. Ça fera alors des enfants qui s’échappent en riant, en sautant sur un trampoline ou encore, qui auront les muscles tellement contractés qu’ils seront constipés.
Grandir avec des muscles tendus et faibles peut amener d’autres problèmes avec le temps comme des douleurs aux relations, des troubles érectiles en jeune âge, des éjaculations précoces.
Ensuite, il y a la composante hormonale qui a surtout son impact la nuit. Le corps doit dire aux reins de diminuer sa production d’urine envoyée vers la vessie. Quand l’enfant est jeune, cette hormone est de même concentration toute la journée et toute la nuit. Avec le temps, vers 5 ans, elle se régulera pour permettre à l’enfant d’avoir moins de pipi dans sa vessie durant la nuit. Alors avant cet âge, d’enlever la couche et de faire vivre l’échec et l’inconfort d’avoir mouillé le lit, ne sera pas bénéfique pour mini. Les calendriers récompense pour les pipis de nuit sont, selon moi, complètement illogiques. Il n’y a aucun comportement là-dedans. Le petit dort. Comment pourrait-il dormir et consciencieusement être continent si son corps n’est pas prêt à le faire ?
Donc, je vous annonce qu’un enfant prêt pour la continence sera continent.
Sans pull up.
Sans calendrier récompense.
Sans qu’un adulte lui demande d’aller sur la toilette.
Et de jour, cela arrive entre 3 et 5 ans.
SVP faites circuler cet article et faites-le lire à votre éducatrice, à grand-maman qui fait pression pour que bébé soit propre… à votre amie qui a dont hâte de ne plus changer de couches.
Personne n’est mieux placé que moi pour me dire quand faire pipi. Pourquoi ce serait différent pour nos petits humains?
Article rédigé par Mélanie Claveau, physiothérapeute La physio pas gênée
Sarah nous partage sa liste de musts pour une voyage en famille avec de jeunes enfants.