La loterie de l’hérédité
Qui n’a jamais ressenti une bouffée de fierté en entendant: «Comme elle te ressemble ! » ou bien «C’est ton portrait tout craché !» ? Évidemment que ça fait plaisir ! On souhaite toujours que la chair de notre chair ait des airs de famille et non pas qu’elle ressemble au voisin ! Mais ce beau bagage héréditaire n’amène pas seulement nos frisettes, nos jolies fossettes ou notre nez en trompette… il lègue aussi parfois dans les gênes de notre descendance notre bagage moins rose, nos bibittes intérieures, nos difficultés avec lesquelles on lutte quotidiennement.
Dans mon cas, c’est l’anxiété ma grosse bête noire. Celle qui me fait faire de l’insomnie, qui torpille ma confiance en moi, que je tente de faire taire, mais qui n’est jamais bien loin. Comme une vieille amie avec qui on doit apprendre à vivre malgré ses travers. Vous me voyez venir ? Ma fille n’a pas seulement hérité de mes yeux bleus ou de ma tête de cochon (misère !) Elle a aussi présenté des premiers signes d’anxiété cette année. Et elle a vécu sa première crise d’angoisse. Celle qui te serre la poitrine si fort que tu crois que l’oxygène a entièrement disparu de la pièce où tu te trouves. Celle qui te fait croire dur comme fer que tu perds complètement les pédales même si tu sais dans ton for intérieur que ce n’est pas le cas.
Selon moi, pour un parent qui n’a jamais vécu de tels moments angoissants (bienheureux vous êtes), il peut être excessivement difficile de détecter chez son enfant ce genre de crise et savoir comment bien l’accompagner. Car si c’est un moment extrêmement troublant pour la personne qui le vit, c’est également très déroutant pour celui ou celle qui l’observe de l’extérieur. Or, quand j’ai vu le regard angoissé de ma fille qui me disait entre deux souffles: «Maman je ne sais pas ce que j’ai, mais ça ne va pas du tout», je savais que c’était ça. Parce que j’avais (malheureusement) vécu la même chose quelques mois auparavant et que je me souvenais de ce qui avait réussi à calmer, tranquillement, cette panique qui m’avait envahie sans crier gare.
Bien sûr que j’aurais souhaité que ma fille n’hérite pas de cette bête noire qui est tapie en elle et qui n’attend que le bon moment pour la faire douter et miner sa confiance. Ou pire, vivre de tels moments angoissants. Mais il semble qu’à la loto de l’hérédité, on a pigé le même numéro. Alors on se retrousse les manches et on prend les outils pour apprivoiser et réussir à dominer la bête. Et ce qui est bien là dedans, c’est que ma fille et moi on mène le même combat, côte à côte. Avec les mêmes yeux bleus et la même tête de cochon.
Article rédigé par Jasmine Harnois-Lepage
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